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qui lui donna des charges et des emplois honorables. Douze ans après, la liberté de dogmatiser lui paraissant préférable aux délices de la cour, il s’exila volontairement, et s’en alla en Allemagne en 1574. Il s’arrêta trois ans à Bâle, où il s’appliqua uniquement à la théologie. Peu de temps après, voulant répandre son système, il composa un ouvrage intitulé De Jesu-Christo servatore. Socin se retira en Pologne en 1579, et ne put se faire admettre dans la communion des unitaires. Son livre De magistratu, qu’il composa contre Jacques Paléologue, lui attira des affaires ; ce qui l’obligea de sortir de Cracovie après quatre ans de séjour, et de se réfugier chez un seigneur polonais. Il vécut près de trois ans sous la protection de plusieurs seigneurs du royaume, et il épousa une fille de bonne maison, dont la mort, arrivée en 1587, l’affligea beaucoup. Pour comble d’affliction, il se vit privé de revenus de son patrimoine par la mort de François de Médicis, grand-duc de Florence. Il reçut mille insultes à Cracovie en 1698, et l’on eut bien de la peine à le sauver des mains de la populace. Il perdit en cette émeute ses meubles et quelques-uns de ses écrits en manuscrit, qu’il aurait voulu racheter au prix de son sang, surtout celui qu’il avait composé contre les athées. Pour se délivrer de tels périls, il se retira à Luclavie, village éloigné d’environ neuf milles de Cracovie, et passa tout le reste de ses jours chez Abraham Blanski, gentilhomme polonais, où il mourut le 3 mars 1604. La secte des sociniens, bien loin de mourir avec lui, s’augmenta considérablement dans la suite ; mais depuis qu’elle a été chassée de Pologne en 1658, elle est fort déchue ou pour mieux dire elle est fort multipliée sous le nom de déistes, qui croient l’existence de Dieu, et rien de ce qui ne se peut croire que parce qu’il a été divinement révélé. Tous les ouvrages de Fauste Socin composent les deux premiers volumes de la Bibliothèque des Frères polonais ; nom que l’on donnait en Pologne aux sociniens, 1656 et suivantes, 9 vol. in-fol., savoir : 2 pour Socin, 4 tomes en 3 pour Crellius, 3 tomes en 2 pour Wolzogenius, 2 tomes en un pour Schlichting, un pour Brenius. Il parait dans tous les ouvrages de Fauste Socin beaucoup plus de subtilité et de raffinement que de jugement et de solidité.

SOCOLOVE (Stanislas), savant théologien polonais, chanoine de Cracovie et prédicateur du roi Étienne, a fait des Commentaires sur les trois premiers évangélistes, et d’autres ouvrages de controverse et de morale. Il a été l’éditeur de Hieremiæ patriarchæ Constantinopolis censura ecclesiæ orientalis, grœcè et latinè Cracoviæ, 1580, in-fol. ; De præcipuis nostri sæculi hæreticorum dogmatibus. Il mourut en 1619.

SOCRATE, très-célèbre philosophe grec, et l’un des plus grands hommes qui aient paru dans le monde, était Athénien, de la tribu Alopécide, et fils de Sophronisque, sculpteur, et de Phænarète, sage-femme. Il naquit à Athènes, l’an 469 avant J.-C. Il exerça d’abord la profession de son père, et l’histoire fait mention de trois de ses statues, représentant les grâces, qui étaient d’une grande beauté ; mais il quitta bientôt cette profession pour s’appliquer à la philosophie. Il étudia sous Anaxagoras et tons Archélaüs. Il combattit avec courage pour la défense de sa patrie en diverses occasions, et il aurait pu, par ses talens et par ses vertus, s’élever aux premières dignités de la république d’Athènes ; mais il renonça volontairement aux charges et aux honneurs, pour s’appliquer uniquement à la philosophie, surtout à la morale, qu’il cultiva avec soin. Il était si éloquent qu’il persuadait ce qu’il voulait ; mais il n’usa jamais de ce talent que pour porter ses concitoyens à la vertu. Socrate était modéré, sobre, chaste, modeste, patient, et possédait toutes les vertus morales qu’il s’était rendues comme naturelles ; ce qui le fit déclarer, par l’oracle, le plus sage de tous les Grecs. Il disait que « l’ignorance était un mal, et que les richesses et les grandeurs, bien loin d’être des biens, étaient des sources de toutes sortes de maux. » Il recommandait trois choses à ses disciples, la sagesse, la pudeur et le silence ; et il disait « qu’il n’y avait point de meilleur héritage qu’un bon ami. » Parlant d’un prince qui avait beaucoup dépensé à faire un superbe palais, et