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temps après il fut nommé évêque de Senez ; où il s’acquit une grande vénération par sa charité envers les pauvres, par la régularité de ses mœurs et par l’austérité de sa vie. Dans la suite, ayant appelé de la bulle Unigenitus au futur concile, et n’ayant voulu entendre à aucun accommodement à ce sujet, il publia une Instruction pastorale, où il rendait compte à ses diocésains de la conduite qu’il avait tenue par rapport à cette bulle. Ce fut à l’occasion de cette instruction pastorale qui fit grand bruit, que se tint en 1727 le fameux concile d’Embrun, où M. de Tencin la fit condamner comme téméraire, scandaleuse, etc., et fit suspendre M. l’évêque de Senez de toute juridiction épiscopale et de toute fonction sacerdotale. Après la tenue du concile, M. Soanen fut exilé à la Chaise-Dieu où il mourut le 25 décembre 1740. On a de lui des Instructions pastorales, des Mandemens et des Lettres. Ces lettres ont été imprimées avec sa vie en 6 vol. in-12, 1750 ; ses Sermons en 1767, 2 vol. in— 12.

SOARE on SUAREZ (Cyprien), habile jésuite espagnol, mort a Placentia en 1591, à 70 ans, est auteur d’une excellente Rhétorique en latin à l’usage des collèges.

SOARÉS. Voyez Suarez

SOAREZ (Jean), savant théologien portugais, évêque de Coimbre et comte d’Aganol, était de l’ordre des augustins. Il parut avec éclat au concile de Trente, et mourut en 1580. On a de lui de grands Commentaires sur les Évangiles de saint Mathieu, de saint Marc et de saint Luc.

SOBIESKI. Voyez Jean Sobieski.

SOBRINO (François), est auteur d’un Dictionaire français et espagnol, imprimé à Bruxelles en 1705, 2 vol. in-4o, et depuis en 3. Il a fait aussi une Grammaire espagnole, in-12.

SOCIN (Marianus), né à Sienne le 7 septembre 1401, enseigna le droit canon a Padoue, puis à Sienne, et fut en grande estime auprès du pape Pie II. Il mourut le 30 septembre 1467, laissant, entre autres enfans, Barthélemi Socin, qui fut aussi un très-habile jurisconsulte, et enseigna le droit avec réputation dans plusieurs universités d’Italie. Il mourut en 1507, à 70 ans. Ses Consultations et celles de son père ont été imprimées à Venise en 1579, en 4 vol.

SOCIN (Lélie), premier auteur de la secte socinienne, était arrière-petit-fils de Marianus Socin, dont il est parlé dans l’article précédent. Il naquit à Sienne en 1525, et fut destiné au droit, dans lequel ses parens s’étaient acquis une grande réputation. Il apprit aussi le grec, l’hébreu et même l’arabe. Il quitta sa patrie en 1547, pour aller converser avec les protestans, et employa 4 années à voyager en France, en Angleterre, dans les Pays-Bas, en Allemagne et en Pologne, et se fixa ensuite à Zurich. Lélie Socin, voulant user de la liberté que Luther, Calvin, et les autres réformateurs se donnaient d’interpréter l’Écriture sainte selon leurs lumières particulières, alla beaucoup plus loin qu’eux, et rejeta la divinité de Jésus-Christ, avec tous les mystères de notre sainte religion, pour ne suivre que des principes qui puissent être adoptés par la raison humaine. Il s’acquit l’estime des plus savans hommes de ce temps-là par sa grande érudition ; mais il se rendit bientôt suspect à Calvin, qui lui donna de bons conseils à ce sujet en 1552. Lélie Socin profita du conseil de Calvin, et plus encore du supplice de Servet, et ne découvrit ses erreurs qu’avec beaucoup d’artifices et de précautions. Il eut quelques disciples, et n’oublia rien pour faire embrasser ses opinions à ses parens. Il fit un voyage en Pologne vers 1558, et mourut à Zurich le 26 mars 1562. On a de lui quelques ouvrages.

SOCIN (Fauste), neveu du précédent, et le principal fondateur de la secte qui porte son nom, naquit à Sienne le 5 décembre 1539. Les lettres que son oncle Lélie écrivait à ses parens firent impression sur lui ; et craignant l’inquisition, il prit la fuite. Il était à Lyon quand il apprit la mort de son oncle. Il alla promptement à Zurich, et se mit en possession de tous les écrits du défunt. La lecture de ces pernicieux écrits acheva de le pervertir, et lui fournit les matériaux nécessaires pour achever le système de théologie que son oncle avait ébauché. Fauste Socin repassa ensuite en Italie et se rendit agréable au grand-duc,