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vers des Satires de Juvénal et d’autres poésies.

SHAFTESBURY (Antoine-Ashley Cooper, comte de), célèbre écrivain anglais, était petit-fils d’Antoine de Shaftesbury, grand-chancelier d’Angleterre, et naquit à Londres en 1671. Il fut élevé avec un soin extrême, voyagea dans les principales cours de l’Europe, et se distingua dans le parlement d’Angleterre. Étant allé en Hollande en 1698, il y eut de fréquentes conversations avec Bayle, Le Clerc et d’autres fameux écrivains. Il refusa d’être fait secrétaire d’état sous le règne du roi Guillaume, et perdit sous la reine Anne la vice-amirauté de Dorset, qui était dans sa famille depuis trois générations. Il fit paraître une grande application à l’étude pendant toute sa vie, et mourut le 4 février 1713. On a de lui une Lettre sur l’enthousiasme, traduite en français, in-8o ; les Mœurs ou Caractères, en anglais, 1732, 3 vol. in-8o ; il y en a une traduction française en 1771, 3 vol. in-8o, et d’autres ouvrages, dans lesquels il y a des pensées libres et dangereuses sur la religion.

SHAKESPEARE (Guillaume), le plus célèbre poète tragique que l’Angleterre ait produit, naquit à Strafford, dans le comté de Warwick, au mois d’avril 1564. Son père était premier magistrat ou bailli de Strafford, et possédait quelques fiefs qui avaient été donnés à son trisaïeul par le roi Henri VII, pour récompenser ses services ; mais étant chargé d’une grosse famille, il était en même temps marchand de laine. Guillaume Shakespeare, l’aîné de dix enfans, ne reçut de son père d’autre éducation que celle qu’il crut suffisante pour entrer dans le commerce. On croit qu’il apprit quelque temps le latin dans l’école publique de Strafford. Quoi qu’il en soit, il épousa, à l’âge de 17 ans, la fille d’un riche habitant du voisinage. Son goût et son génie pour le théâtre le portèrent, peu de temps après, à aller demeurer à Londres, où il fut en même temps auteur et acteur, et où il reçut les plus grands applaudissemens. Il fut en grande estime auprès de la reine Elisabeth, et s’acquit l’amitié du comte de Southampton, qui lui fit souvent des présens considérables. C’est à ce seigneur que Shakespeare dédia son poëme de Vénus et Adonis. On ne sait point au juste quand il quitta le théâtre pour aller passer tranquillement le reste de ses jours à Strafford, où il jouit d’une fortune assez considérable, estimé et chéri de tous les grands hommes de son temps. Il y a tout lieu de croire que cette retraite ne se fit que vers 1610, puisque, dans sa pièce intitulée La Tempête, il fait mention des îles Bermudes, qui ne furent connues des Anglais qu’en 1609, lorsque Jean Summers en fit la découverte, dans son voyage de l’Amérique septentrionale. Shakespeare mourut en 1616, à 55 ans, et fut enterré dans l’église de Strafford, où on lui érigea un monument honorable. Des trois filles qu’il laissa, deux eurent des enfans morts sans postérité. Il nous reste de lui un très-grand nombre de tragédies, et d’autres pièces en anglais, qui lui ont acquis une réputation immortelle. C’est lui que l’on regarde, avec raison, comme l’auteur du théâtre anglais. Quoique ses pièces soient remplies de défauts et ne soient point composées dans le goût des excellens ouvrages dramatiques de l’antiquité, parce que ce poète ne les connaissait point, ou ne pouvait les lire dans leur source, on y remarque néanmoins de grandes beautés, une génie sublime et élevé, et des talens extraordinaires pour la poésie dramatique. Mais n’ayant pas le goût que donne la lecture des bons auteurs, à côté de pensées fortes et sublimes, on trouve tout ce que la grossièreté d’esprit a de plus bas. La meilleure édition des œuvres de Shakespeare est celle que Louis Théobald a donnée en 1740, et qui a été réimprimée en 1762, 8 vol. in-8o. L’édition de Glascow, 1766, 8 vol. in-12, est la plus belle. On estime aussi les corrections et les notes critiques et judicieuses qui ont été faites sur ce poète par le savant Guillaume Warburton, auteur du célèbre ouvrage intitulé La Légation divine de Moïse démontrée. M. de la Place a écrit en français la Vie de Shakespeare, et a publié en 1745 la traduction de plusieurs de ses pièces dans son Théâtre anglais, 8 vol. in-12. M. Le Tourneur en a donné une nouvelle traduction complète, 1776, 12 vol. in-8. On a érigé en 1740, dans