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l’empereur Maximilien, et plusieurs autres enfans.

SFORCE (Jean-Galéas-Marie), duc de Milan et fils du précédent, fut laissé sous la tutelle de sa mère et du secrétaire d’état Cecus Simonéta. Mais Louis-Marie Sforce son oncle, surnommé le More, obligea la duchesse de s’enfuir de Milan, fit trancher la tête à Simonéta, âgé de 70 ans, et s’étant emparé du gouvernement, il fit donner à son neveu un poison lent, dont il mourut à Pavie le 21 octobre 1494, peu de jours après l’entrée du roi Charles VIII en cette ville. Le jeune prince avait épousé Isabelle d’Aragon, fille d’Alphonse, roi de Naples, dont il eut 1o  François Sforce, qui, pour être soustrait à la fureur de son oncle, fut envoyé en France par la duchesse sa mère auprès du roi Louis XII, et qui mourut étant abbé de Marmoutier en 1511 ; 2o  Bonne, mariée à Sigismond, roi de Pologne. Le crime de Louis, ou Ludovic-Marie Sforce, surnommé le More ou l’Éthiopien, ne demeura pas impuni, car ayant été livré à Louis de la Trémouille , il fut amené en France, et Louis XII le fit renfermer à Loches dans une cage de fer, où il mourut en 1510. Il avait épousé Béatrix d’Est, fille d’Hercule, marquis de Ferrare, dont il eut 1o  Maximilien Sforce, qui fut rétabli duc de Milan par l’empereur Maximilien en 1512 ; mais ne pouvant s’y soutenir, il céda la ville de Milan au roi François Ier, vint en France avec une pension de 30 mille écus d’or, et mourut à Paris en 1530 ; 2o  François Sforce, troisième du nom, qui fut aussi rétabli en 1529 par l’empereur Charles-Quint. Il mourut le 24 octobre 1535, sans laisser de postérité. Après sa mort Charles-Quint s’empara du duché de Milan, lequel a passé aux successeurs de cet empereur. Ludovic-Marie Sforce eut aussi plusieurs enfans naturels, entre autres Jean-Paul, tige des marquis de Caravaggio, éteints en 1697.

SFORCE (Catherine), fille naturelle de Galéas-Marie Sforce, assassiné en 1476, et femme de Jérôme Riario, prince de Forli, auquel elle porta la seigneurie d’Imola, est regardée comme une des plus grandes héroïnes de son siècle. Les sujets du prince son mari s’étant révoltés, et François Ursus, chef des rebelles, l’ayant assassiné elle fut mise en prison avec ses enfans. La forteresse de Rimini, où il y avait bonne garnison, tenant encore pour elle, et ne voulant pas se rendre par son ordre, cette princesse crut devoir dissimuler ; elle témoigna en termes ambigus que pour obliger la garnison à se rendre il était nécessaire qu’on lui permit d’y entrer, afin qu’elle pût parler en toute liberté au commandant et aux soldats, en laissant néanmoins ses enfans pour otage à Ursus et aux autres conjurés. Sa demande lui fut aussitôt accordée ; mais à peine y fut-elle entrée que, se voyant en sûreté, elle commanda aux rebelles de mettre armes bas, les menaçant du dernier supplice s’ils n’obéissaient. Les conjurés, frustrés de leurs espérances, la menacèrent de leur côté de tuer ses enfans en sa présence, mais elle leur répondit hardiment, en levant ses jupes, qu’il lui restait encore de quoi en avoir d’autres. Sur ces entrefaites elle reçut un secours considérable que lui envoya Louis-Marie Sforce, duc de Milan, son oncle , et recouvra peu après par sa prudence et par son courage la puissance souveraine que les rebelles avaient voulu lui faire perdre à la mort de son mari. Elle resta tutrice de ses enfans, dont l’ainé se nommait Octavien Riario, et sut bien faire valoir son gouvernement pendant les guerres des Français, en Italie, l’an 1494 et les années suivantes. Elle se remaria à Jean de Médicis, et elle en eut Jean de Médicis, père de Cosme, dit le Grand. Le duc de Valentinois, bâtard du pape Alexandre VI, l’ayant assiégée dans Forli en 1500, elle s’y défendit vigoureusement et ne céda enfin qu’à la force et à la dernière extrémité. On l’emmena prisonnière dans le château Saint-Ange, et peu après on la mit en liberté, mais sans lui restituer ses états dont le duc de Valentinois fut investi, et qui peu après la mort d’Alexandre VI furent réunis au saint Siège.

S'GRAVESANDE. Voy. Gravesande.

SHADWEEL (Thomas), célèbre poète dramatique anglais, mort en 1692, à 52 ans. On a de lui, outre ses pièces dramatiques qui ne sont pas toutes estimées, une traduction en