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apporta plusieurs belles terres, et dont il eut Bosio Sforce, comte de Santa-Fior, gouverneur d’Orviette pour le pape Martin V, et bon guerrier, qui fut la tige des comtes de Santa-Fior, qui subsistent encore. Il se maria en secondes noces à Catherine Alopa, sœur de Rodolphe, grand camerlingue du royaume de Naples ; et en troisièmes noces à Marie Marzana, fille de Jacques, duc de Sesse ; il eut de ce troisième lit Charles Sforce, général de l’ordre des augustins et archevêque de Milan. Avant ces mariages, Jacques Sforce avait aimé une demoiselle nommée Lucie Trezana, qu’il maria après en avoir eu plusieurs enfans, entre autres François Sforce, dont il sera parlé dans l’article suivant, et Alexandre Sforce, seigneur de Pesaro.

SFORCE (François), duc de Milan, et fils naturel de Jacques Sforce, dont il est parlé dans l’article précédent, naquit le 23 juillet 1401. Élevé par son père dans le métier des armes, il s’y distingua de bonne heure. Il n’avait que 23 ans lorsqu’il défit, en 1424, les troupes de Braccio qui disputait le passage d’Aterno. Son père s’étant malheureusement noyé dans cette action, il succéda à tous ses biens quoiqu’il fût illégitime, et la reine Jeanne II les lui donna comme à l’aîné des enfans de Jacques Sforce. Il combattit avantageusement contre les Aragonais, contribua beaucoup à leur faire lever le siège de Naples, et à la victoire remportée le 6 juin 1425 près d’Aquila, sur les troupes de Braccio, où ce général fut tué. Après la mort de la reine Jeanne, arrivée en 1435, il s’attacha à René, duc d’Anjou, qu’elle avait fait son héritier. Nonobstant les malheurs de ce prince, François Sforce, aussi habile politique que grand général, sut se soutenir : il se rendit maitre de plusieurs places dans la Marche d’Ancône , ce qui le fit excommunier par Eugène IV, qui forma une ligue contre lui, et le chassa en 1444 de la Marche d’Ancone ; mais Sforce rétablit bientôt ses affaires par une grande bataille qu’il gagna, où le fils de Picinin, et le cardinal Fermo, légat du pape, furent faits prisonniers. Peu de temps après le pape, les Vénitiens et les Florentins l’élurent pour leur général dans la guerre qu’ils déclarèrent au duc de Milan. Il avait déjà commandé l’armée des Vénitiens contre ce prince, et il en avait épousé la fille. C’était Philippe-Marie Visconti, lequel étant mort en 1447, les Milanais appelèrent François Sforce, qui était son gendre, pour être leur général contre les Vénitiens ; mais après plusieurs belles actions en leur faveur, il tourna ses armes contre eux-mêmes, assiégea Milan, et les força, en 1450, à le recevoir pour duc, malgré les droits de Charles, duc d’Orléans, fils de Valentine de Milan. Le roi Louis XI, qui n’aimait pas le duc d’Orléans, transporta en 1464, à François Sforce, tous les droits que la France avait sur Gènes, et lui donna Savone, qu’il tenait encore. Sforce, avec cet appui, se rendit maitre de Gènes, et mourut en 1466. Jean Simoneta a écrit son Histoire en latin, Milan, 1479, in-fol., rare. François Sforce avait épousé en secondes noces Blanche-Marie, fille naturelle de Philippe-Marie, duc de Milan. Il en eut Galeas-Marie et Louis-Marie, ducs de Milan, dont il sera parlé dans les articles suivans ; Philippe-Marie, comte de Pavie ; Sforce-Marie, duc de Bari, qui épousa Léonore d’Aragon ; Ascagne-Marie, évêque de Pavie et de Crémone, et cardinal ; Hippolyte, mariée à Alphonse d’Aragon, duc de Calabre, puis roi de Naples ; et Elisabeth, mariée à Guillaume, marquis de Montferrat. Il eut aussi plusieurs enfans naturels, entre autres Sforce, tige des comtes de Burgo-Novo, et Jean-Marie, archevêque de Gènes.

SFORCE (Galéas-Marie), duc de Milan, né le 14 janvier 1444, fut envoyé en France au secours de Louis XI, et succéda à François Sforce son père dans le duché de Milan en 1466 ; mais ses débauches et son extrême férocité le firent assassiner en pleine église le jour de Saint-Étienne, le 26 décembre 1476. Un des assassins fut tué par un garde-du-corps, deux autres furent tenaillés et écartelés, mais sans se repentir ; ils croyaient avoir rendu service à la patrie en assassinant un homme que les lois auraient puni s’il n’eût pas eu la force en main. Il avait épousé en secondes noces Bonne, fille de Louis, duc de Savoie, dont il eut Jean Galéas-Marie, dont il est parlé dans l’article suivant ; Blanche-Marie, qui épousa