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venger la mort de Pertinax. Il fut ensuite reçu dans Rome, se défit de Julien et de Niger ses compétiteurs, vainquit les Mèdes, les Arabes, et plusieurs autres barbares, et punit les Juifs rebelles d’une manière très-rigoureuse. Il marcha ensuite contre Albin, qu’il vainquit, et qui fut tué dans une grande bataille près de Lyon le 19 février 197. Sévère, après cette victoire, fit paraître une grande cruauté envers la femme, les enfans et les partisans d’Albin. Il suscita contre l’Église la cinquième persécution, et fit faire en 207, dans la Grande-Bretagne, une grande muraille pour empêcher les Bretons de faire des courses sur les terres des Romains. On voit encore aujourd’hui les restes de ce mur. Sévère avait deux fils, Antonin Caracalla et Géta, l’un et l’autre Césars et associés à l’empire. Caracalla, dans l’impatience de régner, marchant un jour à cheval derrière son père, mit la main à l’épée pour le tuer. Sévère, qui s’aperçut de cette action, la dissimula, mais l’horreur d’un crime si noir le jeta ensuite dans une mélancolie dont il mourut un an après, à Yorck en Angleterre, le 4 février 211, à 66 ans. C’était un prince courageux et spirituel. Il aimait les gens de lettres, et savait l’histoire et les mathématiques. Il avait écrit lui-même sa vie. Caracalla et Géta ses fils lui succédèrent.

SÉVÈRE ALEXANDRE, empereur romain. Voyez Alexandre.

SÉVÈRE (Lucius-Cornélius), poète latin, qui vivait sous le règne d’Auguste, vers l’an 24 avant J.-C. On donna en 1703, in-8o, et en 1715, à Amsterdam, in-12, de belles éditions de son poëme de l’Etna et de quelques fragmens.

SEVERIN (Saint), abbé et apôtre de Bavière et d’Autriche, prêcha l’Évangile en Pannonie, dans le 5e siècle, et mourut le 8 janvier 482.

SEVERIN (Saint), de Château-Landon dans le Gâtinois, et abbé d’Agaune, s’acquit une si grande réputation de vertu et de sainteté, que le roi Clovis étant tombé malade en 504, le fit venir à Paris, afin qu’il lui procurât sa guérison. Ce prince, par reconnaissance, lui donna de l’argent pour distribuer aux pauvres, et lui accorda la grâce de p1usieurs criminels. Saint Severin mourut sur la montagne de Château-Landon le 11 février 507. C’est lui qui est le patron titulaire de la paroisse Saint-Severin à Paris.

SEVERIN, pape, succéda à Honorius le 28 mai 640, et mourut le 1er août suivant. Jean V lui succéda.

SÉVIGNÉ (Marie de Rabutin, dame de Chantal et de Bourbilly, et marquise de), était fille de Celse Benigne de Rabutin, baron de Chantal, Bourbilly, etc., chef de la branche ainée de Rabutin, et de Marie de Coulanges. Elle naquit le 5 février 1626, et perdit son père, tué l’année suivante, à la descente des Anglais en l’île de Rhé y où il commandait l’escadre des gentilshommes volontaires. Elle épousa en 1644, à l’âge de 18 ans, Henri, marquis de Sévigné, d’une très-ancienne maison de Bretagne, maréchal de camp, et gouverneur de Fougères, lequel fut tué en duel en 1651, par le chevalier d’Albret. Madame de Sévigné en eut deux enfans, Charles, marquis de Sévigné, et Françoise-Marguerite, mariée, le 24 janvier 1669, à François Adhémar de Monteil, comte de Grignan, et lieutenant-général des armées du roi, morte en 1705. La tendresse qu’eut madame de Sévigné pour ses enfans l’empêcha de se remarier, quoiqu’elle eût toutes les grâces et toutes les belles qualités du corps et de l’esprit, que l’on admire et que l’on recherche le plus dans les personnes de son sexe. Elle mit tous ses soins à leur donner une excellente éducation, et elle y réussit. Elle fit paraître, pour la comtesse de Grignan sa fille, une tendresse extraordinaire ; et c’est à cette tendresse que nous sommes redevables d’un grand nombre de lettres qui sont des chefs-d’œuvre dans le genre épistolaire. Il y règne une naïveté, un enjouement et une délicatesse inexprimables, avec ce style noble, aisé et négligé qui convient aux lettres, et qui caractérise les personnes d’esprit et de goût. Madame de Sévigné n’était occupée que de madame de Grignan. Toutes ses pensées ne tournaient que sur les moyens de la voir, tantôt à Paris, où sa fille venait la trouver, tantôt en province, où elle allait trouver sa fille. Dans le dernier voyage qu’elle fit à Grignan,