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brillé à cause de ses erreurs. Servet se sauva après ce jugement ; mais quelques semaines après, ayant été arrêté de nouveau, il fut brûlé vif à Genève, le 27 octobre 1553, à 44 ans. On reproche avec raison à Calvin d’avoir fait paraître trop de passion et d’animosité auprès des magistrats pour la condamnation de Servet ; et le livre qu’il publia dans le même temps pour justifier son procédé, et pour montrer que les princes et les magistrats ont droit de faire mourir les hérétiques, a fourni aux catholiques un argument invincible ad hominem, contre les protestans, lorsque ceux-ci leur ont reproché de faire mourir les calvinistes en France. Colladon, l’un des juges, a traduit ce livre en français, Genève, 1560, in-8o ; et sa traduction est plus recherchée que l’original latin. Il faut avouer néanmoins que les calvinistes ont abandonné sur ce point la doctrine de Calvin, et qu’un grand nombre de savans théologiens catholiques soutiennent que les princes et les magistrats ne sont pas en droit de faire mourir les hérétiques, à moins que ceux-ci ne dogmatisent de manière à exciter des troubles et des séditions dans l’État. Il nous reste de Servet plusieurs ouvrages, dont les plus rares sont, De Trinitatis erroribus libri septem, 1531, in-8o ; Dialogorum de Trinitate libri duo, 1532, in-8o ; De Justitiâ regni Christi capitula quatuor, 1532, in-8o ; Christianismi restitutio, Viennæ Allobrogum, 1553, in-8o : c’est une nouvelle édition des livres précédens, augmentée de quelques traités ; c’est dans cette édition qu’on trouve le fameux passage sur la circulation du sang ; des notes sur la Bible de Pagnin, sur Ptolomée, Ratio syruporum, Parisiis, 1537, in-8o ; son Apologie contre les médecins de Paris, qu’il fit imprimer en 1536, qui est entièrement perdue. Ces ouvrages sont très-rares, parce que Calvin et les catholiques les firent brûler avec grand soin.

SERVIEN (Abel), ministre et secrétaire d’état, surintendant des finances et chancelier des ordres du roi, était fils d’Antoine Servien, seigneur de Biviers, d’une noble et ancienne maison originaire du Dauphiné. Il fut employé dans les négociations les plus importantes, s’acquit une gloire immortelle au traité de Wesphalie, où il était plénipotentiaire, et mourut en son château de Meudon le 17 février 1659, à 66 ans. Il était de l’académie Française. On a de lui des Lettres, imprimées, 1650, in-8o, avec celles du comte d’Avaux, et d’autres écrits.

SERVIN (Louis), conseiller d’état, avocat-général au parlement de Paris, et l’un des plus savans magistrats de son temps, servit avec zèle les rois Henri III, Henri IV et Louis XIII. Il mourut subitement aux pieds de ce dernier prince, le 19 mars 1626, en lui faisant des remontrances au parlement, où il tenait son lit de justice, au sujet de quelques édits bursaux. On a de Louis Servin des Plaidoyers, plusieurs Harangues et d’autres ouvrages, Paris, 1640, in-fol. M. Bougier, conseiller en la grand’chambre du parlement, auteur du Recueil des arrêts qui porte son nom, fit sur la mort de Servin, à laquelle il était présent, les deux vers suivans :

Servinum una dies pro libertate loquentem
Vidit, et oppressâ pro libertate cadentem.

SERVITE. Voyez Falconieri, Philippe Beniti.

SERVIUS TULLIUS, sixième roi des Romains, était fils d’Ocrisia, esclave qui sortait d’une bonne famille de Corniculum, au pays latin. On dit qu’étant dans le berceau, tandis qu’il dormait, on vit un feu s’élever au-dessus de sa tête ; ce qui fut regardé comme un présage de son élévation future. Servius Tullius devint en effet gendre de Tarquin-l’Ancien, dans le palais duquel il avait été élevé, et lui succéda 577 avant Jésus-Christ. Il vainquit les Veïens et les Toscans, fut le plus grand législateur des anciens Romains, institua le dénombrement des Romains, dont le nombre se trouva alors de 84,000 ; établit la distinction des rangs et des centuries entre les citoyens, régla la milice et augmenta l’enceinte de la ville de Rome, en y enfermant les monts Quirinal, Viminal et Esquilin. Il fit bâtir un temple de Diane sur le mont Aventin, et donna sa fille Tullia en mariage à Tarquin-le-Superbe, qui devait lui succéder. Ce prince, impatient de