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de peuple, il fit mettre à côté de lui un tableau de la sainte Vierge, et mettant sa main sur celle de l’image, il eut l’impudence de dire à la mère de Dieu : « Vierge Marie, je vous prends aujourd’hui pour mon épouse. » Puis se tournant vers le peuple : « Voilà, dit-il, que j’ai épousé la sainte Vierge, c’est à vous à fournir aux frais des fiançailles et des noces. En même temps, ayant fait placer à côté de l’image deux troncs, l’un à droite et l’autre à gauche : « Que les hommes, dit-il, mettent dans l’un ce qu’ils veulent me donner, et les femmes dans l’autre ; je connaitrai lequel des deux sexes a le plus d’amitié pour moi et pour mon épouse. » Les femmes s’arrachèrent jusqu’à leurs colliers et leurs pendans d’oreille pour mettre dans le tronc. Cet imposteur fit de grands ravages dans la Zélande, à Utrecht et dans plusieurs villes de Flandre, surtout à Anvers, malgré le zèle de saint Norbert qui l’avait confondu plusieurs fois. Il alla à Rome en habit de moine, prêchant partout son fanatisme. Mais à son retour il fut arrêté et mis en prison par Frédéric, archevêque de Cologne, d’où s’étant évadé, il fut tué par un prêtre en 1125.

TANSILLO (Louis), fameux poète italien, né à Nole vers 1510, se rendit célèbre dès l’âge de 25 ans par sa pièce intitulée Il vendemiatore o stanze sopra la coltura de gli orti delle Donne, qui fut imprimée à Naples en 1534, in-4o, plus rare que l’édition de Venise, 1549, in-4o. On lui attribue Stanze in lode della Menta, 1540, in-8o, et elles sont jointes aux éditions du Vendangeur de 1574 et suivantes ; l’une et l’autre ont fait beaucoup de bruit. Il s’attacha à la maison de Tolède, et passa une grande partie de sa vie auprès de dom Pierre de Tolède, marquis de Villa-Franca, qui fut long-temps vice-roi de Naples. Tansillo était juge royal à Gayette en 1569, et mourut quelque temps après. On a de lui, outre son Vendangeur, un poëme intitulé Les larmes de Saint-Pierre, traduit en français par Malherbe, et un grand nombre d’autres poésies qui sont estimées. La meilleure édition de ses pièces diverses est celle de Bologne en 1711, in-12. On fait grand cas de ses Chansons et de ses Sonnets.

TANTALE, roi de Phrygie et de Paphlagonie, était, selon les poètes, fils de Jupiter et de la Nymphe Ploté. Selon la fable, il reçut un jour les dieux à sa table, et pour éprouver leur divinité il mit son fils Pelops en pièces, et le leur fit servir parmi les autres viandes. Les dieux découvrirent le meurtre, et ne touchèrent point à ses mets, à la réserve de Cérès, qui, ne songeant qu’à sa fille Proserpine, mangea, sans y penser, l’épaule gauche. Jupiter ressuscita Pélops, et lui donna une épaule d’ivoire à la place de celle qui avait été mangée. Il condamna ensuite Tantale à une faim et à une soif excessive et perpétuelle. Ce malheureux prince fut enchaîné dans un lac dont l’eau lui allait jusqu’au menton, mais lorsqu’il voulait boire l’eau se retirait. Une branche d’arbre, chargée de fruits, descendait aussi jusque sur ses lèvres, mais lorsqu’il voulait prendre de ce fruit la branche se redressait en haut. On dit que Tantale avait enlevé Ganymède, fils de Tros, roi de Troie, et qu’il avait été contraint de se retirer dans le Péloponèse. On ajoute qu’il fit bâtir la ville de Smyrne, et qu’il laissa trois fils, Pélops, Dascylus et Brocas, et une fille appelée Niobé.

TAPPEN (Sylvestre), savant ministre protestant, né Hildesheim en 1670, est auteur de divers ouvrages en allemand sur la théologie, la morale et l’histoire, de quelques Dissertations en latin, et d’une petite géographie en vers latins, sous le titre de Poeta geographus. Il mourut en 1747, après avoir presque entièrement perdu la vue depuis 20 ans.

TAPPER (Ruard), fameux théologien du 16e siècle, était d’Enchuysen en Hollande. Il devint docteur de Louvain, y enseigna la théologie avec réputation, et y fut fait chancelier de l’université et doyen de l’église de Saint-Pierre. L’empereur Charles V, et Philippe II, roi d’Espagne, l’employèrent dans les affaires de religion et il fut envoyé au concile de Trente en 1551, avec Josse Ravestein et Jean-Léonard Hassels. Il mourut à Bruges le 2 mars 1559, à 71 ans. On a de lui plusieurs ouvrages de théologie, Cologne, 1582, in-fol.