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guerite de Béthune, duchesse de Rohan, voulant déshériter sa fille qui s’était mariée malgré elle à Henri Chabot, reconnut Tancrède pour son fils et lui envoya de quoi se mettre en équipage. Il vint à Paris, où après avoir long-temps disputé sa naissance, le parlement le déclara supposé, par un célèbre arrêt rendu en 1646, quoique la duchesse de Rohan soutînt qu’il était son fils. Il était brave de sa personne, et fut tué fort jeune en 1649, d’un coup de pistolet, pendant la guerre civile de Paris.

TANEVOT (Alexandre), né à Versailles en 1692, passa 60 ans dans les bureaux des finances, et finit par les places de premier commis des finances, et de secrétaire de M. de Boulogne, devenu contrôleur-général. Cependant sa fortune suffit à peine à payer ses dettes, et quelques domestiques ou legs pieux, parce qu’il s’était toujours respecté assez pour se contenter de ses appointemens, sans solliciter des grâces, qui ne s’obtiennent souvent qu’aux dépens de la justice. Les muses, qu’il associa aux occupations de son état, firent tout l’agrément de sa vie, qu’il termina en 1773. Il a fait imprimer ses différens ouvrages en 1766, 3 vol. in-12, dans lesquels se trouvent les tragédies de Séthos et d’Adam et Ève.

TANGÉ (Pierre), graveur, mort à Amsterdam en 1760, dont on a un Christ mort, d’après Salviati ; les Joueurs de cartes, de Caravage ; Tarquin et Lucrèce, de L. Jordam ; la Chasteté de Joseph, de Cignani, etc.

TANNÉGUY DU CHÂTEL. Voy. Châtel

TANNER (Thomas), né en 1674, à Luwington, entra dans les ordres sacrés à Noël 1694 ; il serait difficile de détailler le grand nombre de bénéfices qu’il parcourut jusqu’à ce qu’il fut élevé sur le siège de Saint-Asaph le 23 janvier 1732. Il épousa, en 1633, miss Scottow, riche de 15,000 livres sterling, et mourut à Christ-Church d’Oxford le 14 décembre 1735. On voit son épitaphe dans sa cathédrale, où il a été inhumé. Il a publié, en 1695, Noticia monastica anglicana, in-8o, dont il y a une édition fort augmentée par Jean Tanner en 1744. Depuis sa mort on a publié sa Bibliotheca britannico-hybernica, 1748, in-fol., à laquelle il avait travaillé pendant 40 ans. Ces livres, pleins de recherches d’antiquités, ont des notes critiques qui les rendent précieux.

TANNERUS (Adam), savant jésuite, natif d’Inspruck, enseigna la théologie avec réputation à Ingolstad et à Vienne en Autriche, et devint chancelier de l’université de Prague ; mais l’air de cette ville étant contraire à sa santé, il résolut de retourner dans sa patrie, et mourut en chemin le 25 mai 1632, à 60 ans. Il s’était trouvé en 1601 à la fameuse dispute de Ratisbonne entre les docteurs catholiques et hérétiques, en présence des ducs de Bavière et de Neubourg. On a de lui une relation de cette dispute, Munich, 1602, in-fol., et un grand nombre d’ouvrages en latin et en allemand, entre autres une Astrologie, Ingolstad, 1621, in-fol ; quelques Apologies pour les jésuites, etc.

TANQUELIN ou TANCHELIN, nommé aussi Tanchelme, Tanquelme, Tanchème et Tandème, fanatique du 12e sièc., était d’Anvers. Quoique laïque il prêcha publiquement, surtout dans les Pays-Bas et dans la Hollande. Il enseignait que les sacremens de l’Église catholique étaient des abominations ; que les prêtres, les évêques et les papes n’avaient rien de plus que les laïques, et qu’il ne fallait pas payer la dime. Il s’appliqua d’abord à gagner les femmes, et par leur moyen il séduisit bientôt les maris. Le libertinage le plus honteux était le fruit et souvent l’amorce de la séduction. Il avait tellement fasciné les esprits, qu’il abusait des filles en présence de leurs mères, et des femmes en présence de leurs maris ; et loin que les uns et les autres le trouvassent mauvais, ils se croyaient tous honorés de l’amour du prétendu prophète. Il paraissait en public escorté de 3000 hommes armés qui le suivaient partout. Il était superbement habillé, et avait l’équipage d’un roi. Quand il prêchait, il faisait porter son étendard, et ses gardes avaient l’épée nue. Cet appareil frappait les yeux du peuple grossier, qui l’écoutait comme si c’eût été un ange. Pour subvenir à ses dépenses, il s’avisa d’un stratagème qui lui réussit. Prêchant un jour a une grande foule