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L’ONCLE ISIDORE

vertu dans les mêmes allures et gestes de convention que les jeunes filles de la bourgeoisie. En un mot, elles sont plus naturelles et plus vraies.

Habituées à voir les personnes de leur classe joindre souvent le geste à la parole dans leurs jeux et leurs plaisanteries, elles s’effrayent d’autant moins de se voir prendre la taille ou la main qu’elles se savent le courage et la force de se faire respecter, s’il arrivait qu’on dépassât la mesure.

Mariette surtout s’effrayait peu à côté d’Étienne qui avait dans les manières la grâce d’un homme bien élevé, avec le charme un peu timide des enfants de son âge.

Cette main du jeune homme autour de sa taille n’était pas une audace. Étienne n’avait pas l’allure entreprenante. C’était tout simplement une caresse, une marque d’affection aussi peu préméditée d’un côté que de l’autre, par conséquent d’autant plus charmante et dangereuse, qu’ils étaient de bonne foi tous les deux dans le plaisir qu’ils éprouvaient.

— Au fait, dit Étienne sans retirer sa main, en regardant Mariette qui ne songeait pas davantage à reprendre sa liberté, pourquoi ne voulez-vous pas que je vous parle de Mme Malsauge ? Quelle contrariété avez-vous à m’en parler vous-même ?

Cette question avait été faite par l’esprit d’Étienne et non par son cœur, qui n’y était pour rien. Mais la rougeur de Mariette, son babil, ses hésitations, ses petits mouvements de tête, lui ouvraient un ordre de sensations tout nouveau auquel il mordait avec toute l’ardeur de sa jeunesse et tout le plaisir que l’on prend à la première émotion de ce genre, laquelle est plutôt une