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L’ONCLE ISIDORE

tures à rester assise depuis le premier janvier jusqu’à la Saint-Sylvestre… à moins que je ne vous gêne, en me promenant avec vous, monsieur Étienne, reprit-elle avec timidité, hésitant, ne sachant pas si elle devait suivre ou quitter le jeune homme.

— Ma foi non, Mariette, vous ne me gênez pas, dit Étienne, qui mit gaiement la main de la jeune fille sur son bras. La surprise que vous me faites m’est d’autant plus agréable que je ne m’attendais pas à passer une matinée en si jolie compagnie.

Les deux jeunes gens ne tardèrent pas à rire, à causer, à plaisanter. Mariette donnait joyeusement la réplique pendant les premiers instants du moins, car peu à peu elle devint sérieuse, puis grave, puis triste.

— Qu’avez-vous ? lui demanda le jeune homme, qui crut l’avoir affligée, et s’en voulait déjà d’avoir fait cesser ce joli rire et toute cette joie, premiers éclairs de sa première partie de plaisir.

— Je songe, répondit la jeune fille.

— Ah ! ma foi ! vous n’avez pas la réflexion gaie, reprit Étienne, qui n’avait pas vu sans un certain déplaisir les choses prendre ce tour sérieux.

Mariette le regarda. La contrariété qui se lisait dans ses yeux ne lui échappa point.

— C’est vrai, dit-elle, je vous ennuie. Adieu, monsieur Étienne, promenez-vous seul, je suis de trop sotte compagnie.

Elle fit quelques pas, bien résolue cette fois à retourner en arrière. Mais Étienne l’arrêta en passant un bras autour de sa taille et en l’attirant un peu vers lui.

— Ah ! dit-il, est-ce ainsi que vous m’avez compris ?