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LA PERLE DE CANDELAIR

si on peut s’exprimer ainsi, n’avait rien remué dans son esprit ; elle n’avait pas été jusqu’à son cœur.

Il sentait bien que lorsqu’il ne tiendrait plus entre ses mains les mains de la fillette, qu’une fois qu’elle se serait éloignée et qu’il ne serait plus sous le charme de son regard caressant, ému, plus rien ne resterait de la sensation qui l’agitait momentanément.

Aussi, dans sa conscience, n’osa-t-il pas lui répondre ce que tant d’autres eussent répondu à sa place : « Cela me fera plaisir, » ni lui dire ce qu’elle semblait chercher : « Je vous aime ! »

L’embarras et la difficulté de la réponse lui furent épargnés par une horloge qui, à ce moment, vint à sonner cinq heures.

Mariette ayant fait un léger mouvement, comme si elle eût voulu se remettre à marcher, les deux mains d’Étienne s’ouvrirent, rendant la liberté à la jeune fille.

Elle n’en profita point.

Secouant d’un geste impatient sa tête brune et mutine, en fille décidée tout à coup à chasser une idée qui l’importune, elle demanda, en s’adressant à Étienne :

— Où allez-vous par là ?

— Est-ce que je sais jamais où je vais quand je sors, répondit-il un peu tristement, ramené par la question de Mariette à cette idée qui n’avait rien de fort gai en elle-même : qu’il ne sortait que pour fuir la maison de son oncle, et qu’il n’avait pourtant au monde d’autre intérieur que celui-là.

— Eh bien ! allons sans savoir où, reprit l’ouvrière, arrêtant ses yeux mutins sur Étienne. Je puis bien me donner une heure de congé ; je prends assez de courba-