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L’ONCLE ISIDORE

Les cils de Mariette eurent grand peine à retenir une larme, moitié dépit, moitié chagrin. Elle fit un mouvement pour retirer ses mains, qu’Étienne tenait toujours, et murmura un mot d’adieu. Elle se repentait déjà d’avoir rejoint le jeune homme et de ce « bonjour « qu’elle avait dit la première.

Mais Étienne ne voulut pas la laisser partir.

— Ma pauvre Mariette, lui dit-il alors, vous êtes trop jolie pour qu’on n’ait pas plaisir à causer avec vous pour le seul plaisir de vous regarder et de vous entendre. Tout ce que vous pourriez dire d’une autre, quelle qu’elle fût, ne vous ferait pas écouter une minute de plus. Vous n’êtes pas à l’âge où l’on prend les confidentes. Rassurez-vous donc, et n’ayez de dépit contre personne, pas même contre moi.

— Cela n’y fait rien, répliqua la jeune fille, qui n’abandonnait pas comme cela son idée ; vous m’avez bien fait parler de Mme Malsauge.

— D’elle comme d’une autre, reprit Étienne avec un peu d’impatience. Que diable me parlez-vous de Mme Malsauge ! Est-ce que je la connais ? Est-ce qu’elle me connaît ? Parlez-moi de vous plutôt. Quel jour venez-vous à la Chartreuse ?

— Qu’est-ce que cela vous fait ? demanda Mariette.

— Vous êtes bien curieuse, dit Étienne, que la brusque question avait amené à réfléchir sur ce qui se passait en lui, et qui s’était avoué qu’en effet cela lui faisait peu de chose. Non qu’il eût été indifférent à la jeunesse et à la beauté de Mariette — la façon dont il regardait la jeune fille prouvait largement qu’il n’en était rien, — mais cette sensation, toute matérielle, toute de jeunesse,