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LA PERLE DE CANDELAIR

d’une voix au fond de laquelle il semblait y avoir un reproche à l’adresse d’Etienne. Tu n’es pas fier, toi, Lou-Pitiou !

Un soupir fut le commentaire de ce discours avec le chien.

— Dites donc, Mariette, est-ce que vous me trouvez fier, moi, par hasard ? demanda le jeune homme en prenant la main de la jeune fille et en la forçant amicalement à le regarder en face.

— Je ne sais pas, reprit-elle toute confuse. C’est peut-être que je vous déplais beaucoup, voilà tout : alors vous n’êtes pas fier. C’est moi qui suis désagréable.

— Hé ! pourquoi ? s’il vous plaît, poursuivit Étienne qui ne tenait pas impunément dans ses mains les mains de la jeune fille, et sentait qu’on n’a pas, non plus, impunément vingt ans.

Ses yeux disaient sans doute quelque chose de tout cela, car la rougeur de Mariette et son embarras augmentaient à qui mieux mieux.

Mariette toutefois était une fille du peuple. Sa timidité n’allait pas jusqu’à la rendre muette, ni plus gauche qu’il ne convenait à la perle des grisettes de Candelair. Aussi reprit-elle en levant les yeux sur le jeune homme :

— C’est que vous me fuyez maintenant. Les jours où je travaille à la Chartreuse, on ne vous voit plus une minute.

— N’est-ce pas vous qui m’avez interdit de vous causer ? demanda un peu malicieusement Étienne.

— Ah ! c’est vrai ; j’oubliais que vous ne savez causer que d’elle, et que je ne suis bonne qu’à vous en entretenir.