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L’ONCLE ISIDORE

neur de la fausse position où il était vis-à-vis de M. Malsauge.

Le lendemain, il fut levé avant tout le monde, et gagna les champs afin de résoudre en paix le gros problème qui le tourmentait depuis si longtemps.

À peine se trouva-t-il seul, qu’il prit le chemin des jardins, se dirigeant vers la ville basse, où il n’allait guère d’habitude ; mais, quand on part sans but, on ne songe guère à la route que l’on suit.

— Bonjour, monsieur Étienne, dit tout à coup une voix fraiche à quelques pas derrière lui.

Il se retourna et vit Mariette, dont le teint animé disait assez qu’elle avait marché très vite.

Ayant, en effet, aperçu le jeune homme loin devant elle, sans beaucoup réfléchir, elle avait hâté le pas, peut-être bien même un peu couru. Tout cela pour dire « bonjour à ce beau dédaigneux qui ne venait plus causer avec elle depuis si longtemps.

— Eh ! où allez-vous donc comme cela, Mariette ? lui demanda Étienne, qui ne put s’empêcher de sourire en voyant la jeune fille le considérer curieusement, comme si elle le voyait pour la première fois.

— Mais, en journée : voilà cinq heures qui s’approchent.

— Vous faites bonne mesure de votre temps, poursuivit Étienne, car il s’en faut au moins d’une grosse demi-heure.

Mariette ne répondit pas. Elle baissa sa main jusqu’à la tête du Pitiou et se mit à lui rendre une caresse pour toutes celles qu’il lui faisait depuis qu’elle était là.

— Pécaïre ! tu me reconnais toujours, toi, dit-elle