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L’ONCLE ISIDORE

mables, c’est-à-dire parmi celles de toutes les vertus qui savent le mieux se garder elles-mêmes.

— Cela n’a pas de nom, monsieur le préfet, que dans un département qui vous est confié, on puisse en plein dix-neuvième siècle, vivre comme un héros de Cooper. On ne sera plus en sûreté à Candelair, si vous laissez la sauvagerie s’y implanter, et, tout en souriant, en jouant de l’éventail, Mme Malsauge considérait son adorateur fort empêché de répondre, ne sachant trop de quel sauvage, non plus que de quel héros on lui voulait parler.

— Et la saison devenant dure aux danseurs, ou n’en saurait trop avoir, continua la jeune femme sans s’inquiéter si ce qu’elle disait était une énigme ou non pour celui qui l’écoutait.

— Je demande humblement quelques explications, dit le préfet.

— Demandez tout de suite un rapport pendant que vous y êtes, répondit Mme Malsauge de sa voix douce quoique toujours un peu mordante, une voix de Parisienne pur sang. Demandez-moi plutôt… tout ce que vous voudrez ; mais des explications ! juste ciel ! n’est-ce pas le plus droit chemin pour arriver à ne jamais s’entendre !

— Non, pas d’explications, puisque cela vous semble une énormité ; mais alors, demandez-moi à votre tour tout de suite ce que vous voulez, dit finement le préfet, et si faire se peut…, lors même que faire ne se pourrait pas, ajouta-t-il plus bas, considérez la chose comme accomplie.

— Moi, demander quelque chose ! se récria Mme Hélène