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LA PERLE DE CANDELAIR

lui faire savoir qu’il serait accueilli gracieusement chez M. le receveur général.

— La chose est par trop drôle, en vérité ! dit la jeune femme entre deux éclats de rire. Et, quoiqu’elle n’eût plus l’air d’y penser, elle poursuivait son idée première avec cette ténacité féminine, qui est une des grandes forces des êtres faibles.

À quelques jours de là on dansait dans le salon de Mme Malsauge, malgré la saison qui était déjà chaude ; mais c’était tout-à-fait en petit comité, presque entre intimes. La conversation était à peu près générale, le nombre des invités étant très-restreint.

Le préfet, homme spirituel et pour le moins aussi ambitieux, avait deviné, avec l’instinct particulier des gens destinés à arriver, que l’influence en même temps que l’alliance sympathique de la jeune femme ne devaient pas être à dédaigner.

En tout bien, tout honneur, il lui rendait donc des devoirs assidus, se pliant de la meilleure grâce du monde aux désirs, aux caprices journaliers de Mme Hélène, ce qui n’étonnait personne dans ce salon parfaitement civilisé : M. le préfet étant du meilleur monde et M. Malsauge sachant qu’il serait du dernier mauvais goût, en même temps que de la plus grande des cruautés, d’empêcher une femme de jouir de tous les avantages attachés à sa jeunesse, à sa position et à sa fortune.

D’ailleurs, il était trop du monde lui-même pour ne pas savoir que le désir de se faire appuyer, si l’occasion s’en présentait, faisait beaucoup plus que l’amour agir les hommes de son âge et de celui de M. le préfet ; puis M. Malsauge avait classé sa femme dans les vertus ai-