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LA PERLE DE CANDELAIR

peut faire l’esprit ; fortune stable, trésor sans fond que l’on brasse, et dans lequel on puise à pleines mains.

Mais que la paupière se relève, que l’œil s’ouvre et regarde de nouveau, l’or revient aux sébiles et la grille se dresse encore, comme une insurmontable barrière, au devant de ces mains vides et avides qui, tout à l’heure, prenaient et donnaient sans compter.

Qui pourrait s’étonner maintenant que l’enfant voulût rester les yeux clos ; et comment ne pas trouver tout naturel aussi qu’Étienne se fût empressé d’ouvrir son cœur et son esprit au premier joli rêve qu’il avait rencontré, non sans le chercher un peu, il est vrai ! Mais tout ne lui avait-il pas été complice, depuis l’oncle Isidore et la grand’mère, jusqu’à cette jolie Mariette qui aurait peut-être bien voulu détourner un peu de cette grande admiration à son profit !

Mme Malsauge elle-même aida au développement de l’amour que sans s’en douter elle avait inspiré.

La jeune femme, quoi qu’elle fît, ne réussissant qu’à moitié à se créer des occupations selon son goût, continuait à étonner chaque jour cette bonne ville de Candelair par son coupé à deux chevaux, par ses toilettes, sa musique et par mille autres choses tout aussi inoffensives, qui, racontées ici, paraîtraient des plus simples, mais qui, là-bas, étaient classées dans les étrangetés.

Par moments — ces moments-là n’étaient pas rares — elle se trouvait fort désœuvrée et eût donné beaucoup pour avoir avec qui causer, ou pour se trouver une occupation digne d’elle.