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LA PERLE DE CANDELAIR

— Quel est-ce beau garçon qui vous salue, Mariette ? demanda-t-elle, sans en montrer aucun étonnement à la jeune fille, ce dont l’ouvrière lui sut un gré infini.

— C’est M. Étienne Jussieux, le neveu de M. Isidore Letourneur. Je travaille chez sa grand’mère, où il est revenu depuis quelque temps. Il étudiait le droit à Paris, mais il y a été malade.

Ceci ne fut pas dit sans intention. La jeune fille était très-flattée de la politesse qu’elle avait reçue ; mais elle tenait à bien montrer à cette femme, si souvent enviée dans le secret de son cœur, que ce beau garçon qui faisait attention à elle, la fille du peuple, qui la saluait en pleine promenade de Candelair, était un fils de bonne maison.

En nommant la grand’mère d’Étienne, elle voulait faire bien comprendre qu’il n’y avait rien de léger dans ses rapports avec son petit-fils.

— Ce garçon doit être intelligent, continua Mme Malsauge. Il a une belle tête, et n’a point l’allure de tout le monde.

— Je sais qu’il est très-bon et n’a pas la moindre vanité, répondit Mariette, mais je suis trop ignorante pour porter un autre jugement sur lui, et pour parler de choses que je ne connais pas.

— Il ne va donc pas dans le monde, M. Étienne, continua Mme Malsauge : je ne l’ai rencontré nulle part ? Si je l’avais vu, je l’aurais remarqué, très-certainement.

— Je crois qu’il est fort sauvage, répondit Mariette.

— Ah ! dit Mme Malsauge, comme si la chose l’eût étonnée.