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L’ONCLE ISIDORE

sie contre les femmes riches, contre toutes les dames en général et quelque chose de plus particulier touchant Mme Hélène Malsauge.

Quoique rien ne l’aveuglât sur la beauté pas plus que sur le mérite de la jeune femme, elle lui en voulait de son premier dépit. Elle ne pouvait la considérer dans ses toilettes élégantes, dans sa joie de chaque jour, sans envier de toutes ses forces ce que sa raison lui démontrait ne devoir jamais lui appartenir.

Les choses allèrent ainsi quelque temps. Étienne, tout en ayant fini par comprendre que c’était une véritable cruauté d’entretenir constamment une jeune femme d’une autre femme qu’elle, tout en n’ayant pas cessé de dire fort gracieusement « bonjour » ou « bonsoir » à Mariette chaque fois qu’il la rencontrait, ne s’était pas autrement remis à causer avec elle

Un beau jour que Mme Malsauge était sortie pour aller elle-même choisir quelques chiffons et qu’elle s’était fait suivre de Mariette, qui devait emporter les étoffes chez elle, les deux femmes, en traversant la promenade assez déserte à cette heure, furent croisées par Étienne, qui, suivi du Pitiou, commençant une de ses promenades quotidiennes que les temps les plus affreux n’interrompaient pas toujours.

En passant à côté d’elles, le jeune homme salua, et Mariette ne put se le dissimuler, le salut était bien pour elle.

Étienne ne connaissait pas Mme Malsauge. S’il l’avait rencontrée seule, il n’eût point osé la saluer, quelqu’envie qu’il en eût eu.

Mme Hélène ne s’y trompa pas davantage.