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L’ONCLE ISIDORE

lieu de rester au logis, faisait, les jours où venait l’ouvrière, trêve à ses habitudes, et Mme Malsauge faisait presque toujours aussi les frais de la conversation.

La jeune fille s’en aperçut à la fin et s’en montra un peu contrariée.

Si elle s’était un moment écoutée, si d’après les préceptes de sagesse qui lui avaient été donnés au couvent, elle eût tourné sept fois sa langue avant de parler, il est fort probable qu’elle n’aurait rien dit. Mais le dépit aidant elle oublia la mesuré et s’écria en faisant la moue d’impatience :

— Franchement, ce que je vois et entends chez Mme Malsauge ressemble au chapelet ; vous me le faites réciter sur tous les tons et vous ne vous en lassez jamais. Allez-y voir vous-même, cela vaudra mieux.

Étienne, sans trop s’en rendre compte, trouvait dans ses causeries avec Mariette, de longs sujets de rêverie pour ses promenades solitaires. Il fut vivement contrarié du tour que prenaient les choses, mais sentant bien qu’il n’y avait aucune protestation à faire, il se leva, prit son chapeau de feutre, et dit à la jeune fille en se retirant :

— Puisque cela vous ennuie de causer avec moi, je ne reviendrai plus. Adieu, Mariette !

Il resta dehors jusqu’au dîner, revint pour se mettre à table, juste en même temps que l’oncle Isidore et que sa grand’mère, se retira aussitôt après le dessert pour monter dans sa chambre, car il pleuvait.

La jeune fille l’entendit aller et venir au-dessus de sa tête tout le temps que dura la fin de sa journée, qu’elle n’avait du reste jamais trouvée ni si longue, ni si triste.