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LA PERLE DE CANDELAIR

du monde, hanté par son esprit aux heures des folles espérances, dans cette étrangère dont le luxe, la beauté et la générosité faisaient tant de bruit dans Landerneau.

Cette imagination de vingt ans, rendue inactive par l’ineptie de son entourage, se jeta dans les interminables entretiens que les hommes jeunes ont, dans le secret de leur âme, avec les femmes dont leur esprit s’occupe. Ainsi sans avoir jamais vu Mme Malsauge, il en parlait souvent à Mariette, qui répondait volontiers ; il y pensait bien plus souvent encore.

Étienne et l’ouvrière étaient rapprochés par cette grande cause de sympathie qu’ils étaient jeunes tous les deux, et que malgré ce que l’on pourrait appeler la dissemblance de leurs positions dans le monde, il y avait entre eux de grands points de rapport.

Du côté d’Étienne, la dépendance et la gêne perpétuelles dans lesquelles il avait été élevé, le besoin de travailler pour vivre où se trouvait Mariette, ainsi que la nécessité de ne froisser personne, afin d’avoir de l’ouvrage du plus de monde possible, les avaient classés dans les êtres soumis au bon ou au mauvais vouloir des autres.

Cette similitude de dépendance en avait fait des alliés qui, sans s’être rien promis ni rien juré ; sans être convenus d’aucun point, se tenaient la main en toutes circonstances et chaque fois que l’occasion s’en présentait.

Cette union avait commencé du premier jour, et Lou-Pitiou en avait été le prétexte.

Étienne, qui s'était remis à aller sur la montagne au