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L’ONCLE ISIDORE

dîner aussi ; mais elle est si peu ennemie du plaisir des autres, qu’on ne saurait sans méchanceté lui faire un crime de celui qu’elle prend.

— Vous allez mieux aimer cette nouvelle venue, à elle seule, que vos anciennes pratiques toutes ensembles, reprit Mme Daubrée, qui, sans le faire paraître, était un peu jalouse de se voir éclipsée par cette étrangère jusque dans l’esprit de son ouvrière.

Mme Hélène Malsauge était en effet une femme du monde, qui l’aimait beaucoup, et ne savait y renoncer tout-à-fait, même à Candelair, où il n’y avait pas moyen de réunir ce qu’on appelle à Paris une brillante et nombreuse société.

Le préfet, le général, quelques magistrats auxquels elle joignait ce qu’on appelle des fils de famille, quelques jeunes gens danseurs de bonne volonté, et parmi cette population flottante qui tient les places données par le gouvernement, un choix des plus mondains et des plus, acceptables, tels étaient les éléments dont se composaient les réunions de Mme Malsauge.

Les dîneurs se recrutaient parmi les gens sérieux : le conseil municipal, le conseil général, les gens les plus en fortune, en nom et en position de la ville.

M. le receveur était, dans Candelair, un homme d’importance, et Mme Malsauge, l’élégante, la lionne par excellence.

Jugez, si l’on parlait d’eux et de l’impression qu’ils faisaient dans la ville !

Étienne qui venait de Paris, qui avait laissé courir ses rêves au travers de toutes les merveilles interdites aux pauvres et aux travailleurs, Étienne reconnut une femme