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LA PERLE DE CANDELAIR

laissent une certaine aigreur qui leur fait juger peut-être un peu sévèrement les heureux de ce monde.

— Et voilà pourquoi M. Malsauge est de passage à Candelair, continua Étienne après quelques secondes de silence.

Je n’assurerais pas que Mme Daubrée comprit parfaitement l’explication de son petit-fils ; mais elle parut s’en contenter.

Mariette, la fille du peuple, la méridionale, dont l’esprit n’avait été plié à aucun joug, ni amoindri par aucune contrainte, Mariette eut vite, je ne dirai pas compris, mais deviné.

Aussi répondit-elle au jeune homme, charmé de trouver quelqu’un avec qui causer :

— Ma foi, monsieur Étienne, que ce soit par droit ou par faveur que M. Malsauge soit ici ou aille à un autre endroit, la bonne fortune n’a point si mauvaise vue qu’on le dit, car ce sont de bonnes âmes que le mari et la femme ; ils font beaucoup de bien, et le font si gracieusement, qu’on n’est point honteux d’être leur obligé. Nous pouvions avoir à leur place des avaricieux, des méchants ! Il n’en manque pas déjà à Candelair de ces gens qui coupent un sou en liards pour faire la charité à quatre personnes à la fois.

Quand on est autour de ceux qui sont doux à servir, je dis qu’on n’a pas à se plaindre, que ce serait être ingrat envers la Providence et envers eux, que de chercher de quel droit ils sont heureux… — Il est vrai que Mme Hélène Malsauge aime la toilette ; mais cela fait travailler les ouvrières. Elle s’amuse beaucoup ; elle chante, fait danser chez elle le plus qu’elle peut ; on donne souvent à