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LA PERLE DE CANDELAIR

vait se figurer et dans lequel son imagination ne pouvait la transporter, quelque effort qu’elle fit.

— Quand il s’est agi de me payer mes journées, la femme de chambre de madame n’a jamais voulu me donner douze sous ; sa maîtresse, m’a-t-elle dit, n’entendant pas qu’on travaillât pour elle sans recevoir de salaire. Elle m’a donné deux francs, ainsi que sa maîtresse le lui avait ordonné. Si madame a un caprice, s’il lui prend fantaisie d’avoir un chiffon pour le lendemain, on me fait passer la nuit et on me paye en conséquence.

Je mange avec la femme de chambre, et c’est d’elle que je tiens le grand secret de leur passage à Candelair.

— Comment, leur passage ? demanda curieusement Mme Daubrée.

— Oui ; je me suis laissé raconter qu’on n’avait envoyé monsieur ici que pour pouvoir le faire arriver plus tard à un autre endroit.

— Cela ne me paraît pas bien clair, ce que vous me dites-là, ma petite, reprit Mme Daubrée.

— Je n’y ai pas non plus compris grand chose, continua la jeune fille ; mais j’avais pensé que vous, madame, qui savez par M. Letourneur les choses qui concernent tous les employés, vous me donneriez l’explication de ces paroles qui m’ont été dites en grand mystère et que je vous rapporte très-fidèlement.

— Ah ! si la chose est ainsi, nous demanderons ce soir des éclaircissements à mon frère, car il sait toutes ces choses-là, à coup sûr.

— Il n’est pas nécessaire d’attendre jusqu’à ce soir, interrompit Étienne, qui, tout en ayant l’air fort absorbé par sa lecture, ne perdait pas un mot de la causerie des