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LA PERLE DE CANDELAIR

ver Mariette. Il sentait qu’il lui devait des remercîments pour son bon cœur, son adresse et son action courageuse.

Il n’est jamais pénible de rendre des actions de grâces à une jolie fille, fût-elle couturière. Aussi le jeune homme mit-il une très-grande vivacité à accomplir ce devoir.

— Il ne faut pas si fort me remercier, répondit Mariette. Ce n’est pas tant pour vous que pour lui que je me suis exposée à me mettre mal avec Mme Daubrée.

— Vous aimez donc Lou-Pitiou ? demanda Étienne, curieux de savoir si en son absence Lou-Pitiou s’était donné à une autre affection.

— Pas plus qu’un autre chien, reprit Mariette ; mais je n’aime voir battre ni les bêtes ni les gens.

— Hé ! vous causez donc maintenant, s’écria Mme Daubrée, en mettant sa chaise à côté de celle de l’ouvrière.

— Ma boutonnière est finie, répondit Mariette avec un grand sérieux.

— Eh bien et la belle étrangère, la belle Mme Malsauge ! Est-il vrai qu’elle ne se lève jamais avant onze heures ou midi, et qu’elle n’est quelquefois pas couchée à une heure du matin ?

— Tout cela est vrai, madame. Elle se lève fort tard ; et le soir, quand je veille pour finir quelque ouvrage, qu’elle veut pour le lendemain, je l’entends chanter et faire de la musique. Toutes les nuits ressemblent à des jours de fête chez elle. Quand je m’en vais, fût-il même bien tard, quelquefois minuit, quelquefois plus, on n’a pas dans la maison l’air disposé à aller se mettre au lit.

— Ah ! Seigneur ! comment ces gens-là peuvent-ils