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L’ONCLE ISIDORE

fois que je parle dans ces moments-là je ne fais que des maladresses.

Puis reprenant l’aiguille, elle s’appliqua avec un acharnement qui ne laissait de place à aucune question, à aucune réponse.

Mme Daubrée avait toujours beaucoup à faire dans la maison voyant qu’il n’y avait pas moyen, pour le moment, d’entamer sa chère causerie, elle se leva pour donner à la servante ses derniers ordres à propos du dîner de « Monsieur. »

À peine Mariette entendit-elle que Mme Daubrée était en plein dans les recherches minutieuses dont elle entourait le menu destiné à l’oncle Isidore, qu’elle arracha Étienne à sa lecture.

— Sautez vite au jardin, dit-elle ; regardez s’il n’y a personne et conduisez Lou-Pitiou jusqu’à la porte, afin qu’il ne fasse pas quelqu’autre méchante rencontre.

La salle à manger était au rez-de-chaussée ; la fenêtre donnait sur les couches où le jardinier faisait ses semis : Étienne eut vite enjambé.

Mariette, pendant ce temps, ayant lestement relevé cet amas de percale qui obstruait l’embrasure de la fenêtre dans laquelle elle était assise, Lou-Pitiou apparut, tout poilu, tout bourru, tout hérissé, sa langue rose pendante, au milieu du linge blanc. La jeune fille le prit dans ses bras et le fit passer à Étienne qui, sans nul respect pour les laitues naissantes et les choux qui apparaissaient à fleur de terreau, marchait sous la fenêtre comme au beau milieu d’une allée.

Quand il eut rendu son ami aux pavés de la rue, demeure habituelle du Pitiou, il revint en toute hâte trou-