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LA PERLE DE CANDELAIR

tre ; mais, ne découvrant rien, il se leva pour interroger chacun du regard.

Revenue à sa place avant tout ce trouble, Mariette n’avait pas levé la tête de dessus son ouvrage. Elle tirait l’aiguille avec une régularité fort exemplaire, vu l’orage qui grondait autour d’elle.

Ses pieds systématiquement appuyés sur un petit banc de bois étaient recouverts du bas de sa robe de toile, et la pièce dans laquelle elle taillait les chemises de l’oncle Isidore, aux trois quarts déployée dans la partie qui restait libre entre elle et la fenêtre, montait en plis nombreux et confus jusqu’à la hauteur de ses genoux.

Quand le pauvre Étienne, en faisant de ses yeux inquiets le tour de la salle à manger, arriva jusqu’à Mariette, elle échangea avec lui, sans faire un seul mouvement de tête, un regard si clair, quelque chose de si audacieux, que le jeune homme en fut surpris ; mais il se remit tranquillement à sa place à côté de Mme Daubrée.

Lou-Pitiou venait de trouver un protecteur autrement puissant que lui.

L’oncle Isidore reprit avec satisfaction son discours au point où il l’avait interrompu, après que sa sœur, dont la bonne foi, en donnant cette explication, était complète, lui eut dit que fort probablement le chien était sorti par où il était entré, puisque la porte se trouvait encore ouverte. Letourneur interrompit la mercuriale qu’il adressait à son neveu pour prendre son café avec tout le recueillement qu’il apportait à cette importante occupation.

On était encore dans ce demi-silence qui suit les repas heureux, lorsque la domestique vint dire à Mariette