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L’ONCLE ISIDORE

bonne qui en mettant en ordre la chambre d’Étienne, avait fait sortir le chien de dessous le lit et avait allongé sur sa maigre échine un maître coup.

La douleur fut si vive que la mémoire du pauvre animal en fut troublée. Pour fuir en quelque endroit que ce fût, le manche redoutable dont la servante était armée, il se jeta tête baissée — ne se souvenant plus des êtres du logis — au travers de la première porte demi-ouverte qu’il rencontra sur son chemin.

— Qu’est-ce à dire ? demanda l’oncle Isidore, en se retournant vers la vieille fille qui, d’un air menaçant, tenait son balai au port d’armes. Depuis quand fait-on pareil tapage autour de moi !

— C’est cette vilaine bête, répondit la servante en poursuivant le chien jusqu’entre les jambes de ses maîtres, où il avait été se réfugier.

L’oncle Isidore eut vite compris de quoi il s’agissait, en suivant sur le parquet, d’habitude si brillant, des traces de pattes peu soignées, et en lisant de l’inquiétude sur le visage de son neveu.

— Passe-moi ma canne, dit-il à sa servante, qui s’empressa de lui obéir, pendant qu’Étienne, à bout de patience, s’écriait :

— Ne le battez pas, mon oncle : je vais le faire sortir, moi.

— Je n’ai besoin de personne pour être maître en mon logis, monsieur, tâchez de vous en souvenir, répondit fièrement M. Letourneur.

La grand’mère prit sous la table le coin du vêtement de son petit-fils et le força à se rasseoir. L’oncle s’était baissé, déjà armé de la canne qu’on venait de lui remet-