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L’ONCLE ISIDORE

celles qui tiennent à être bien vues, ainsi qu’à conserver leurs pratiques, n’ouvrent la bouche que pour manger et dire « merci » quand on les sert. Elles se lèvent ensuite sans bruit, quand on apporte le dessert, pour retourner à leur ouvrage, qui est assez généralement installé sur deux chaises, dans l’embrasure d’une des fenêtres de la salle à manger.

Mariette était une couturière accomplie, se taisant modestement, se levant à point ; aussi avait-elle sa place à la table de M. Letourneur, et son ouvrage dans l’angle d’une fenêtre.

Ma petite, dit Mme Daubrée en arrivant près d’elle, encore tout émue des terribles paroles prononcées par son frère, faites une prière à la sainte vierge en vous joignant à moi d’intention.

Elle s’assit à côté de Mariette et murmura une oraison tout en prenant la couture de la jeune fille et en l’examinant avec soin.

— De tout mon cœur, madame, dit Mariette qui fit avec un grand recueillement le signe de la croix et la prière demandée.

Mme Daubrée et Mariette finissaient leur prière à la Vierge au moment où la servante mettait la soupe sur la table, au moment où l’oncle Isidore et Étienne entraient chacun par une porte différente.

— Bonjour, mon oncle, dit le jeune homme fort tranquillement, quoi qu’il vît le vieux garçon déplier sa serviette avec certains petits mouvements qui dénotaient chez lui une grande préoccupation.

Après avoir étalé le linge blanc sur ses genoux, M. Letourneur crut devoir enfin répondre au bonjour de son