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LA PERLE DE CANDELAIR

matérielle, qui n’était pas exempte de sensualité, qu’Étienne s’étendit tout de son long : Il n’avait pas à se préoccuper du lendemain.

Savoir tout à coup qu’on n’a plus qu’à dormir pour laisser reposer tous ses membres, qu’on peut laisser se distendre son esprit et ses nerfs, sans la moindre inquiétude, sans songer même à l’heure du réveil, les vieux souvenirs rappelant, à votre esprit apaisé, que la servante du logis viendra frapper à votre porte assez à temps pour que vous puissiez arriver à table au moment où l’on sert la soupe ! Grosse question ! surtout pour un homme que les incertitudes de la vie de chaque jour ont tenu anxieux si longtemps.

Ce bonheur relatif, purement matériel, mordit de tout son pouvoir sur le pauvre enfant, qui venait de traverser de si rudes épreuves. S’abandonnant tout entier pour un moment, à cet ordre de sensations si nouvelles pour lui, il avait fermé les yeux, en s’étendant sur son lit de la Chartreuse, et avait livré son corps aux jouissances du moment.

Quant à son esprit… il ne pensait pas.

Il lui sembla, au bout d’un moment, que la main qui pendait le long de la couverture, recevait une caresse timide. S’étant un peu soulevé pour voir ce que ce pouvait être, il reconnut le chien.

Lou-Pitiou, car c’était bien lui, se mit à passer sa langue rose et fraîche sur la main, puis sur le bras ; et bientôt, encouragé par la voix du jeune homme, il se dressa au bord de la couchette, et son museau humide vint chercher jusque sur l’oreiller le visage d’Étienne.

Au milieu des manifestations affectueuses dont il en-