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L’ONCLE ISIDORE

heureuse ! dit-il bien vite en embrassant de nouveau la vieille femme qui l’avait accompagné jusqu’à la porte de la chambre qu’il allait occuper à la Chartreuse.

Mme Daubrée redescendit lestement les quelques marches qui séparaient sa chambre de celle du jeune homme. Elle murmurait tout bas :

— Mon Dieu, qu’on a de mal à faire entrer une demi-raison dans ces jeunes têtes folles ! Il est déjà bien tard ; je ne suis pas capable de me lever assez matin pour entendre la première messe, sans compter que demain j’ai l’ouvrière pour les chemises d’Isidore. Oh ! j’aurai grand mal à être là, dès cinq heures, pour la mettre à l’ouvrage. Quel dérangement tout cela occasionne ! Pourvu que mon frère ne s’aperçoive de rien : il aime tant l’ordre et la régularité !

Sérieusement inquiète des suites de sa veille un peu forcée, Mme Daubrée gagna son lit en maugréant tout doucement, dans son âme béate, contre la jeunesse qui entraîne toujours le désordre à la suite.

La pauvre femme était presque en droit de se plaindre ! Elle avait été si peu jeune elle-même, elle avait toujours été si parfaitement raisonnable, soit par le fait du devoir, soit par le fait de la nécessité, que son manque de charité à cet endroit était bien excusable.

Tandis qu’elle faisait sa prière, en toute hâte, Étienne s’était déshabillé, puis mis au lit promptement.

Il est par moments de grands bonheurs construits de petites choses, de choses de si peu de prix aux yeux du plus grand nombre, que peu de gens sans doute nous comprendront. Toutefois, nous devons constater, en historien fidèle, que ce fut avec une certaine satisfaction