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LA PERLE DE CANDELAIR

élégante une force réelle. Elle était agile et solide comme une main de fer.

Étienne avait la tête vraiment belle — en ce sens du moins qu’elle avait un caractère très-marqué — car il était fort loin d’être ce qu’on appelle un joli garçon. Son front large, très-bombé, était couronné par une véritable forêt de cheveux noirs, coupés courts, un peu rebelles et quelque peu crépus, d’aucuns auraient dit très-frisés.

Ses yeux grands et doux, abrités sous de longs cils et d’épais sourcils noirs, étaient de ce bleu profond qui donne un si grand charme au regard.

Le blanc de cet œil était légèrement azuré, et nageait dans un fluide transparent.

La bouche était grande, les lèvres épaisses, fermes, vigoureusement accentuées. Un sourire grave, quelque peu triste, jetait comme un voile sur cette physionomie si vivante, et en adoucissait les arêtes par trop vives. L’ensemble dénotait une volonté énergique.

Le petit-fils de Mme Daubrée avait beaucoup vécu par la pensée. Son esprit avait voulu un peu goûter à chaque chose ; il avait fouillé, avec l’ardeur des êtres solitaires, au fond de toutes les passions, de toutes les douleurs, de toutes les joies.

Ce travail du cerveau lui avait fait une expérience à laquelle il devait d’apporter aux choses de la vie, une indifférence de meilleur aloi que la satiété de ceux qui ont en réalité et matériellement beaucoup vécu. La pensée ne va-t-elle pas toujours plus loin que la matière !

Son esprit n’avait été faussé ni par l’admiration des