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L’ONCLE ISIDORE

elle vendit en cachette quelques menus bijoux, derniers et intimes souvenirs qui lui étaient restés du temps de son mariage, elle y joignit quelques objets venant de la mère d’Étienne, prit un bon sur la poste, expédia le tout au jeune homme, en ajoutant, sous forme de post-scriptum :

« Viens tout de suite pour ne pas mécontenter ton oncle davantage. »

Ces informations à prendre, cette vente, quelque petite qu’elle fût et malgré que la veuve en eût demandé le secret, furent bientôt le bruit de la ville ; chacun de s’apitoyer sur ce pauvre oncle Isidore, qui était si mal récompensé de ses peines.

On lui en parla au cercle. Il ne crut pas devoir taire les motifs de son mécontentement, et bientôt le mot : « dette » fut prononcé d’une façon sérieuse par des gens graves.

En se rendant à l’église ou au marché, Mme veuve Daubrée fut aussi arrêtée par ses intimes, qui, après tous les compliments de condoléance qui ont cours en pareille occasion, lui demandaient :

— Mais est-ce bien vrai tout ce qu’on dit ?

— Hélas ! reprenait la brave femme, qui, tout en étant une excellente grand’mère, n’était certes pas de cette race de lionnes qui défendent leurs petits envers et contre tous. Hélas ! Ah ! l’on a bien raison de dire : Petits enfants, petites peines : grands enfants, grands chagrins.

Plusieurs disaient : Cela ne m’étonne pas de ce garçon ; lorsqu’il était ici, c’était déjà un flâneur. Il ne passait jamais ses jours de sortie comme le faisaient nos enfants,