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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

Par son testament, Étienne laissait les revenus de toute sa fortune à son oncle, sa vie durant.

M. Letourneur en a eu une si grande joie qu’il en est presque rajeuni. « Si j’avais connu quelqu’un de plus égoïste, de plus froidement et de plus cruellement méchant que ne l’est mon oncle, disait Étienne dans ses réelles instructions, laissées à l’adresse de Mariette, à laquelle il donnait le fond entier de sa fortune, si j’avais su où trouver une nature plus nuisible, je lui aurais laissé tout ce que je possède ; cela lui aurait servi de levier pour faire plus facilement encore le mal.

» La première partie de mon testament n’est donc qu’une insulte, bien méritée, jetée à la face de cette société qui me tue, après m’avoir longtemps fait souffrir, et dont mon oncle est la plus parfaite représentation. »

— Ah ! la loi sur les successions n’est pas juste, s’écria M. Isidore Letourneur, à la fin de la lecture du testament ; du moment où Étienne était décoré je devrais l’être, puisque j’hérite de lui ; je devrais être comte aussi, puisqu’il l’était.

Ah ! c’est bien malheureux pour moi que je doive subir cette double dépossession ; le monde n’est pas équitable, les lois du pays ne le sont pas davantage, puisqu’on ne reconnaît que bien imparfaitement tout ce que j’ai fait pour ma famille.

On devrait certes faire une exception en ma faveur, ce ne serait que bien petitement me rendre justice.

Et très persuadé qu’il est dans le vrai, en parlant ainsi de lui, M. Letourneur projette d’écrire à M. Malsauge pour savoir si l’un ne pourrait pas le mettre en