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LA PERLE DE CANDELAIR

des consolations à la comtesse Jussieux. Aussi est-elle arrivée à Candelair en toute hâte, et assez vite pour pouvoir aider Valentine à se choisir un deuil qui ne lui soit pas trop mal seyant, car rien n’est plus disgracieux aux femmes brunes que le noir terne et mat d’un vêtement de veuve.

Valentine a été plus affectée qu’on ne l’aurait cru de l’étrange mort de son mari. Elle a commencé à le comprendre quand il n’a plus vécu ; elle a regretté de n’avoir pas essayé de le faire vivre.

Aussi, malgré que Mme Malsauge se soit posée près d’elle comme la meilleure et comme la plus charmante des amies, n’a-t-elle jamais voulu accepter ses services pas plus que son intimité. L’ombre glaciale de cette femme, devenue une sainte personne, lui fait peur. C’est de ses belles mains blanches et fines qu’est parti le coup qui a tué Étienne, et qui, bien auparavant, avait fait le vide et la désaffection autour d’elle.

Elle lui en veut maintenant de la vie qu’elle n’a pas eu, du bonheur qui lui a manqué, et sa clairvoyance, pour être tardive, n’en est pas moins amère ni moins dangereuse pour la femme du ministre.

M. le marquis de Ferrettes, en apprenant le suicide d’Étienne, est mort de douleur.

Il faut bien dire aussi que c’était la première peine réelle qu’il eût éprouvée de toute sa vie, et qu’à quatre-vingts ans bien sonnés, on a la meilleure de toutes les excuses pour s’en aller, à la première honnête occasion qui se présente.

En homme toujours habile, le marquis en avait profité.