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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

bons yeux, et lui appliquant le canon d’un pistolet sur l’oreille il lâcha la détente.

Le chien tomba raide, il avait été tué du premier coup.

Puis, usant du même procédé à son égard, il se fit nettement sauter la cervelle.

C’était là qu’il avait réellement commencé à vivre de cette vie qu’il regrettait si amèrement.

C’était là qu’il avait reconnu, la veille, qu’il n’y avait plus de remède pour lui.

C’était là encore qu’il voulait que reposât sa dépouille mortelle.

Il avait donc voulu y rapporter sa cendre, et c’était à l’endroit d’où l’étincelle d’amour l’avait fait sortir du néant qu’il avait voulu venir mourir.

Il avait laissé ses instructions dernières, M. le député, et il avait bien recommandé que son chien fût enterré à ses pieds, sous le banc de verdure où il voulait lui-même reposer.

— Il l’aimait plus qu’il ne m’aimait, s’est écrié Mariette en se frappant la poitrine, de ce geste énergique et désespéré des femmes du Midi qui sont atteintes en plein cœur, sans cela il ne lui aurait pas donné ma place, dans la mort et dans la terre, tout auprès de lui.

Mme Malsauge, en apprenant l’épouvantable nouvelle, s’est jetée, un peu plus avant qu’elle n’y était encore, dans les bras de sa douce religion qui a des consolations pour toutes les douleurs et des secours pour toutes les afflictions.

Néanmoins elle a pensé qu’il était convenable autant que charitable à elle de venir apporter, par sa présence,