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LA PERLE DE CANDELAIR

tachait comme une lune blanche sur le carreau rouge de la cuisine ; ce fut le seul qui, ce jour-là, mangea de grand cœur.

Étienne n’avait plus faim de rien.

Mariette avait l’âme et l’estomac serrés de voir son cher Étienne ne toucher aux mets que du bout des lèvres.

La nourrice était attristée de voir si peu d’appétit aux enfants.

Aussitôt après le repas, M. Jussieux reprit le chemin de la Chartreuse, puis il s’enferma chez lui et écrivit longtemps.

Le soir, tout le monde avait une tristesse vague et lourde à l’heure du dîner, sauf l’oncle Isidore qui trouvait d’autant meilleure la vie et ses satisfactions, qu’il avait eu un moment très-grand’peur de la mort en la voyant s’abattre sur sa sœur.

Quant à Valentine, sa tristesse n’était que de l’ennui ; mais elle s’ennuyait beaucoup à Candelair.

Nous savons pourquoi Étienne et Mariette n’avaient point de gaieté.

Le lendemain matin, de très-bonne heure, Étienne partit, en compagnie du Pitiou, comme pour sa promenade habituelle, et seul avec lui il se dirigea vers le petit village de Fraiche-Fontaine.

La nourrice était aux champs, mais il savait où la bonne femme mettait la clef de la maison ; il la prit donc, et s’en fut au banc de gazon où, la veille encore, il s’était assis avec Mariette.

Là, sans émotion aucune, il prit Lou-Pitiou entre ses deux genoux, l’embrassa sur le front, puis sur ses deux