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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

elle trouvait tout naturel d’être pour Étienne ce qu’elle n’avait, au reste, jamais cessé d’être et d’aller avec lui, sur le désir qu’il en avait témoigné, passer la journée à Fraîche-Fontaine.

Elle était donc là, sur la porte, guettant son arrivée et du plus loin qu’elle le voit venir, elle court au-devant de lui.

— Ah ! que c’est bien elle, toujours elle, pensa Étienne en passant son bras sous celui de la fillette, pour entrer dans la modeste maison de campagne, où chaque chose a religieusement été respectée, comme si le bonheur de la jeune fille eût reposé dans l’agencement des objets matériels qui avaient assisté à ses premières heures heureuses.

La nourrice est là aussi, avec sa coiffe d’indienne et son tablier de toile grise ; les poules picorent à l’entour d’elle ; elle a sa quenouille au côté, et comme si le soleil avait voulu se mettre de la partie, il découpe, sur le sable du chemin, les mêmes ombres tremblantes et fines qu’il découpait autrefois, en se glissant au travers des mêmes arbres de l’enclos.

— Ah ! mon cher enfant ! que j’ai de joie à vous revoir, dit la vieille paysanne au secrétaire du ministre, à l’ami du château, au député, à l’homme d’État ! Ah ! que la jeunesse est une belle chose, cela me ragaillardit de la tête au cœur de vous voir là, tous les deux, jeunes, beaux et forts. Allons, les enfants, courez faire un tour de jardin ! je vais vite préparer le repas, puis je vous appellerai.

Étienne, entièrement heureux, entraîna presque en courant, Mariette jusqu’au banc de verdure où ils