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LA PERLE DE CANDELAIR

rentrer à la Chartreuse. Puisqu’il faut le nourrir à rien faire, mieux vaut le nourrir ici qu’à Paris. Au moins nous l’aurons sous les yeux et nous pourrons veiller à ce qu’il ne fasse pas de nouvelles folies.

Il prit sa canne, ajusta son chapeau sur son crâne chauve, et s’empressa de courir au cercle, où depuis la veille il avait une revanche à prendre au piquet.

Mme Daubrée, une fois seule, se trouva encore heureuse de pouvoir faire revenir au logis l’enfant prodigue. Elle s’empressa de lui faire part de la bonne nouvelle.

« Mon cher fils, écrivait-elle, ton oncle a été bien mécontent de ta conduite, il m’a dit à propos de cela, sur ton compte, des choses toujours pénibles à entendre pour le cœur d’une mère. Comment as-tu fait pour mécontenter un si bon parent, un homme dont toute la vie s’est usée à travailler pour sa famille ?

« Malgré qu’il ait beaucoup à se plaindre de toi, il veut bien que tu reviennes à la Chartreuse ; mais il ne veut ni payer des emprunts que tu as contractés sans son autorisation, ni te continuer la pension qu’il te faisait chaque trimestre. Il est bien triste, à mon âge, de penser que tu ne termineras pas tes études. Je m’étais fait une grande joie de te voir revenir ici avocat ; ton oncle en eût été heureux aussi, puisque l’idée était de lui, et qu’il s’était mis en frais pour te faire arriver là. »

Cependant une fuis la lettre finie, Mme Daubrée songea qu’il serait difficile à son fils de faire le voyage de Paris à Candelair s’il n’avait pas du tout d’argent, ainsi qu’il le disait. Elle se rendit au bureau de la diligence — on allait encore à cette époque de Candelair à Paris en diligence — ; après s’être renseignée sur le prix de la place,