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LA PERLE DE CANDELAIR

ces fièvres terribles qui me laissaient anéanti et désespéré.

Tandis que ma joie vraie, franche et toute de l’âge que j’avais alors, mes beaux éclats de rire et mes premiers baisers, sont à Fraiche-Fontaine et tout du long du chemin qui y conduit, tout du long du sentier par lequel on en revient.

Ah ! je veux aller à Fraîche-Fontaine pour y trouver tout cela, conclut-il entre deux soupirs, l’un de regret, l’autre qui portait encore quelque espérance.

À ce moment, Mariette entra chez Étienne, pour se bien assurer, par elle-même, que rien ne manquait au jeune homme ; puis elle l’avait vu si triste pendant le dîner, qu’elle craignait qu’il ne fût plus souffrant que d’habitude.

Mariette n’a pas tout à fait trente ans et sa vie tout adonnée à son amour, la façon active et sage dont elle a vécu, l’ont laissée plus charmante, plus fière, plus femme vraiment qu’elle ne l’était encore lorsque Étienne est parti pour Paris à son premier voyage.

C’est toujours la plus belle et la plus gracieuse fille du Midi, la fille aux yeux pleins d’éclairs et tout remplis de caresses et de douces promesses. Elle a toujours cette bouche souriante, avenante et fraîche, aux lèvres rouges et aux dents blanches.

En la voyant entrer juste au moment où il pensait à Fraîche-Fontaine, dont elle était l’âme amoureuse et gaie, dont elle était la vie saine et sans rêves surtout, Étienne se sentit comme rajeuni tout à coup jusqu’au fond de l’âme.

Avec quelle joie il crut qu’il pouvait tout oublier,