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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

Quand une femme a permis à un homme d’être avec elle aussi enfant qu’il veut l’être, et d’être enfant aussi souvent que cela peut lui agréer, elle peut être sûre de son empire sur lui, rien ne la saurait détrôner du cœur qu’elle a conquis, rien qu’un grain de raison mal placé ou de tristesse intempestive.

Mais Étienne n’avait jamais été enfant avec Valentine, et il ne sut pas brusquement changer la situation acquise. Le sérieux, le calme, les convenances l’étouffaient, elles se dressaient entre elle et lui comme une insurmontable barrière et il entra dans son appartement le cœur encore plus glacé qu’auparavant, l’âme plus profondément désenchantée, et avec un plus amer dégoût de la vie sur ses lèvres.

Il gagna d’un pas lent, et sans but, l’un des fauteuils qui étaient auprès de son lit ; il s’y laissa aller comme à bout de volonté.

Un moment, il a tant voulu trouver le remède à son mal, maintenant il ne se sent plus l’énergie de le chercher, de le poursuivre ; la tête appuyée sur sa main il se sent brisé et se laisse aller à sa lassitude au lieu de réagir contre elle.

Mais l’instinct de la conservation que chacun porte en soi a ouvert le champ à ses réflexions, et, de déduction en déduction, il en arrive à ceci :

La montagne était le tabernacle de mes rêves, de mon enfance exaltée, et des fous désirs de ma jeunesse ; mais mes rêves étaient parfois bien tristes et me faisaient pleurer !

Sur tous mes désirs s’étendaient les nuages de l’impossible, qui ne faisaient que les irriter et me donner