Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

jeunesse, lui montre comme dans un miroir dont rien n’aurait altéré la pureté les choses d’autrefois, dans leur immuable, dans leur éternelle beauté.

Il va de droite, de gauche, marchant avec vivacité, ne pensant point à l’heure qui s’écoule, ne songeant point à rentrer à Candelair, si la nuit et Lou-Pitiou ne l’avertissaient point, chacun à leur manière, qu’il est temps de rapatrier le logis.

Huit jours, quinze jours s’écoulèrent ainsi. Chaque matin Étienne partait pour ses promenades, et chaque jour aussi ses forces augmentaient ; il allait un peu plus haut, dans sa chère montagne, poussant plus loin ses reconnaissances.

Il sentait que son pied était toujours le pied leste et solide du montagnard ; cette repossession de lui-même lui mettait au cœur une joie profonde dont il n’osait pas voir toute l’étendue, tant il avait peur de s’illusionner et d’être rappelé à la réalité par les observations que les autres auraient pu faire à ce sujet.

Pourtant sa poitrine reconnaissait les brises âpres et fortifiantes de la montagne, elle les respirait à pleins poumons, et quand il rentrait, il était chaque soir mieux portant, plus souple, plus fort. Son corps se trouvait bien de ce régime d’un complet repos d’esprit et d’une activité physique à laquelle les jeunes années d’Étienne avaient été si bien pliées que cela lui avait presque fait une seconde nature, avec laquelle il n’avait pas pu rompre entièrement sans en être sérieusement atteint.

Mais si le corps reprend des forces, de la souplesse, du ressort et de la santé, il n’en arrive pas si facilement à l’âme ; une fois affectée, cette part de nous, si délicate