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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

maille à partir avec Mlle Mariette, répondit la femme de chambre.

Au déjeuner une chose qui étonna fort Mme Jussieux, c’est qu’Étienne, en cela bien d’accord avec l’oncle Isidore, ne permit jamais à Mariette d’enlever son couvert de la table où depuis plus de quinze ans il avait sa place accoutumée.

La jeune femme jeta un regard assez surpris vers cette belle fille, en bonnet blanc et en toilette de modeste ouvrière, qui s’asseyait avec ses maîtres et déjeunait à la même table qu’eux.

— Ma chère Valentine, dit alors Étienne, pour mettre tout le monde à l’aise, je vous présente Mariette, mon amie d’enfance, l’amie constante et dévouée de toujours, qui pour moi a bien voulu fermer les yeux de ma grand’mère, et qui remplit auprès de mon oncle le rôle de providence, en l’entourant des soins affectueux auxquels il a de tout temps été habitué.

Mariette, c’est ma conscience à Candelair ; c’est elle qui s’est chargée de mes devoirs vis-à-vis de ma famille, et qui s’en acquitte mieux que je ne saurais le faire moi-même.

Valentine s’inclina d’une façon aussi courtoise qu’indifférente ; elle sut trouver quelques mots gracieux, et s’assit tranquillement pour déjeuner, puisque l’heure en était venue.

Les choses ainsi expliquées, chacun rentra dans son caractère et dans ses habitudes.

Lou-Pitiou, sa tête sur les genoux d’Étienne, assistait en chien satisfait au repas des autres ; mais la jeune femme en apercevant ce museau noir et tout hérissé de