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LA PERLE DE CANDELAIR

L’oncle de M. le comte a l’air de ne pas oser vivre lui-même, depuis qu’il a eu les yeux ouverts, ce matin, il a bien fait appeler au moins cinquante fois Mlle Mariette : pour lui donner son eau chaude, pour lui donner son eau froide, pour lui faire tenir ses pantoufles, pour lui préparer son chocolat, pour lui déployer ses chaussettes. Enfin, il faut que tout passe par les mains de Mlle Mariette, pour que cela soit bien fait.

— Qui est ça ? cette demoiselle Mariette, demanda Valentine sans attacher grande importance pas plus à la réponse qu’on allait lui faire qu’à la question qu’elle venait de poser.

— Je crois que c’est la gouvernante, répondit la femme de chambre, elle a les clefs de tout, c’est elle qui commande et qui achète. Elle est bien la maîtresse au logis. Le jardinier a l’air de ne pas oser toucher à un brin d’herbe dans son jardin sans qu’elle l’ait permis, pas plus que les domestiques qui, pour tremper une affreuse soupe, qui, je crois, fait tout leur déjeuner, ont attendu qu’elle le dise.

— Alors c’est une puissance à la Chartreuse, cette demoiselle Mariette ?

— Cela me fait cet effet, madame.

— Il faudra tâcher de rester en bons termes avec elle, dit Mme Valentine, car si nous devons passer une saison ici, pour remettre la santé de M. le comte, je désire y vivre en paix ; s’il est écrit que je doive m’y ennuyer, je tiens à le faire royalement et sans distraction contraire.

— Je serais désespérée de mécontenter madame, et certes je ferai au-delà du possible pour n’avoir jamais