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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

— Ah ! mon chien, mon bon chien, mon ami ! s’écria M. Jussieux en se baissant pour être plus à la portée de la brave bête ; je n’avais pas parlé de toi, j’avais tant peur de ne pas te retrouver.

— Je l’avais enfermé, répondit Mariette ; je sais que les dames de la ville ne le supporteraient qu’avec peine ; elles le trouveraient laid et trop familier. Ah ! c’est que nous l’avons gâté, nous deux, en le conduisant avec nous à la montagne et à Fraiche-Fontaine, et tout en parlant elle avait, elle-même, lestement préparé ce qui était nécessaire, pour la nuit, dans la chambre du voyageur.

Étienne était vraiment ému, mais ému de bonne foi ; il se coucha presque joyeux et dormit bien, d’un sommeil calme et réparateur, pendant que Lou-Pitiou, ayant reconquis sa place sur le tapis, au pied du lit, levait de temps à autre la tête pour regarder ce cher maître, l’objet de ses premières comme de ses éternelles tendresses.

Le lendemain en ouvrant les yeux, Mme Valentine demanda à la femme de chambre, qui était venue faire du jour chez elle, quel aspect avaient les choses et les gens au milieu desquels elle se trouvait, car l’heure avancée à laquelle on était arrivé la veille ne lui avait pas permis de se créer une opinion personnelle.

— Les choses ont l’air d’être riches, très-cossues, mais fort bêtes ; les gens leur ressemblent beaucoup, ils parlent tous un si étrange patois qu’il est tout à fait impossible de les comprendre. Ah ! je crains bien, ajouta la Martine du Faubourg Saint-Germain, que madame ne trouve le temps bien long ici, à coup sûr on ne doit point savoir à quoi employer ses heures.