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LA PERLE DE CANDELAIR

appuyé ses lèvres avec une si tendre émotion que les larmes avaient jailli de ses yeux et qu’elle était vivement rentrée dans l’ombre pour les dissimuler.

Mais Étienne l’avait appelée, à haute voix, il avait retrouvé pour cela ses poumons des anciens jours, et il avait rendu aux deux joues de l’ouvrière les baisers qu’il venait de recevoir d’elle.

— Oh ! ma bonne Mariette, que je suis aise d’être venu, dit-il, enfin ; il me semble que j’ai laissé mon mal et ma faiblesse à Paris ; je me sens déjà mieux.

— À coup sûr, répondit Mariette, on n’est point malade ici ; vous savez bien que dernièrement, quand vous êtes revenu malade pour avoir trop travaillé, afin de vous faire recevoir avocat, huit jours de sommeil et de promenade vous ont remis. On ne meurt à Candelair que de vieillesse, et encore, le plus tard possible ; grâce à Dieu, nous avons le temps d’y songer, la marge est large devant nous.

Pour Mariette, les nombreuses années qui s’étaient écoulées entre le premier voyage d’Étienne et celui qu’il accomplissait aujourd’hui, comme un pèlerinage vers la santé, ces années qui lui avaient été si lourdes à lui, elles ne comptaient pas ou presque pas ; c’était dernièrement, c’était hier, qu’il était rentré au pays, rien donc n’était changé, ni elle, ni lui surtout. Ah ! qu’il lui sut gré de cette façon d’apprécier les choses.

En arrivant à sa chambre, dès qu’il en eut ouvert la porte, Lou-Pitiou se précipita dans ses jambes, et bondissant, autant que le lui permettaient son âge et l’embonpoint qu’il avait gagné à vivre sous la douce tutelle de Mariette, il fit à Étienne le même accueil qu’autrefois.