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LA PERLE DE CANDELAIR

nuer une causerie qui lui était déplaisante, il se renferma de nouveau dans un mutisme que Valentine n’eut pas la moindre velléité de rompre.

Ce fut vers le soir que l’on arriva à Candelair. La journée avait été chaude, la soirée était transparente et toute chargée des parfums que les fleurs, les plantes, la terre et les fruits répandent dans l’air à cette époque de l’année.

La Chartreuse qui, sous les ordres de Mariette, avait pris un aspect en rapport avec les hôtes illustres qu’elle attendait, la Chartreuse était toute éclairée intérieurement, sous l’ombre épaisse des grands arbres du jardin, et ses marches de pierre blanche, qui allaient se baignant par degré dans la verdure des longues pelouses, ressemblaient à un tapis d’hermine déployé dans la sombre nuit.

Quand les grelots de la chaise de poste se firent entendre, l’oncle Isidore eut comme un mouvement joyeux qui fit tressaillir sa vanité : cette fille de noble maison qui venait chez lui et qu’il avait le droit d’appeler sa nièce, son propre neveu, ce petit Étienne dont l’instruction était un bienfait de sa part et qui maintenant était un personnage, tout cela ne laissait pas que de le grandement satisfaire, car il allait s’en rehausser d’autant aux yeux de ses compatriotes.

Sans compter que le luxe inusité que l’on ne pouvait manquer de déployer à la Chartreuse, en cette occasion, devait en chasser les dernières ombres sinistres que la mort y avait laissées ; les images jeunes et gaies qui devaient faire cortége au comte et à la comtesse Jussieux, allaient lui rendre la quiétude, l’appétit et ce superbe