Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
368
LA PERLE DE CANDELAIR

tile de retourner vers le passé pour lui demander un remède aux maux du présent. Elles le savent, le passé ne fait que nous aider à constater plus sûrement ce que nous avons perdu, et nous ne pouvons que revenir plus malades, plus alanguis, plus désespérés, sinon tout à fait perdus, de la source vers laquelle nous avions été pour y boire la santé, pour y retrouver la force et l’énergie.

Mais Mme Malsauge se garda bien de faire part des réflexions que lui suggéraient son expérience et sa science de l’âme humaine, à ce brave marquis, qui était officiellement, en même temps qu’officieusement, venu lui apporter la nouvelle de ce voyage.

Mme Malsauge avait été guidée, par l’habileté de son oncle, vers les choses de la religion qui sont, à un certain moment, une parure qui sied d’une façon incontestable aux grandes dames dont la position éminente leur fait un devoir de tenir toujours un premier rôle dans le monde.

Mme Hélène, ayant marié son amant, ne pouvait avoir quitté un homme aussi parfaitement accompli que l’était M. Jussieux que pour trouver et que pour prendre mieux.

La religion seule pouvait lui donner un grade supérieur à celui qu’elle occupait grâce à cette charmante faiblesse. Elle s’était donc parée d’une demi-dévotion, qui allait bien à son visage doux et gracieux et qui lui avait permis de ne point rompre avec les joies profanes.

Elle suit les sermons avec une coquetterie qui exclut toute passion ; elle assiste aux solennités religieuses en femme qui sait le prix des minutes données à l’adoration ; elle a jeté sur ses allures de femme du monde quelque chose de mystérieux plutôt que de mystique,