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LA PERLE DE CANDELAIR

bonne foi de ne plus paraître regretter la morte et ne sut pas davantage lui en vouloir de l’avoir quitté puisque les circonstances avaient fait tourner les choses à son plus grand avantage.

La session qui suivit la mort de sa grand’mère fut pénible et lourde au député ; il parla souvent ; il travailla beaucoup, et, sans apporter à toutes ces choses l’ardeur entraînante et active de ses débuts dans la vie politique, il en fut, néanmoins, très-las et sérieusement fatigué.

Sa santé si belle, si fière, si solide semblait s’être dépensée aux minuties de l’existence ; car, de ce trésor sans pareil la force et la puissance, il paraissait n’en plus avoir que le souvenir, qui augmentait d’autant ses regrets.

Ses docteurs parlaient d’anémie, de fièvre lente et nerveuse, et l’excès du travail paraissait avoir fait tout le mal, du moins l’en accusaient-ils très-haut avec un accord aussi rare que parfait.

Aussi fut-il décidé, à l’unanimité, que l’air natal était nécessaire à la poitrine de M. Jussieux, et qu’il fallait qu’il allât, pour au moins toute une belle saison, à Candelair.

La science avait prononcé ; il ne restait plus qu’à obéir, et le marquis, qui surgissait comme le Deus ex machinâ dans toutes les circonstances graves de la vie d’Étienne, vint apporter son affirmation et son aide pour pousser la famille de son cœur à un voyage qu’il jugeait indispensable, lui aussi, à la santé morale d’Étienne, au moins autant qu’à sa santé physique.

Car, seul peut-être, il ne se faisait pas illusion sur la cause du mal ; il voyait clairement que le désenchante-